Témoignage

69 ans de militantisme

Centenaire du PCF

par RENE GABRELLE
Publié le 4 décembre 2020 à 12:56

1951 ! Déjà de longues années de réflexion dans cette triste période d’après-guerre. Pour la grande majorité de la population, des privations quotidiennes, des inégalités face au bien vivre de quelques-uns. Dans les familles ouvrières, l’accès à un minimum d’alimentation était le souci quotidien. Pour ma famille, nous subissions les dures conséquences de cette situation. Dans ma petite ville rurale de Bapaume (Pas-de-Calais) la vie politique était un véritable foisonnement de propositions pour ouvrir un nouveau chemin vers le bien-être de la population. Deux antagonismes dans ce combat d’idées au quotidien : les gaullistes et les communistes. Ouvrier agricole durant ces toutes dernières années, j’avais une petite expérience de l’exploitation de la classe ouvrière. Liberté (publié en demi-format à cause de la restriction du papier) et la radio nourrissaient ma réflexion. Communiste dans l’âme mais pas encore adhérent au PCF, je diffusais tous les dimanches la « masse » des publications du parti à Bapaume et les villages environnants. Ce porte-à-porte dominical me permettait d’avoir de nombreux échanges. Je découvrais là aussi la réalité de la vie quotidienne des familles qui m’apportait des éléments supplémentaires à mon engagement politique. Dès lors, mes convictions progressistes étaient bien accrochées en moi. La récente grève des mineurs en 1948, la violente répression du gouvernement contre l’ensemble de la corporation et les tragiques conséquences sur la vie des familles « m’enrageaient ». En ces années d’après-guerre 1940/45, la très importante influence et la force du Parti communiste constituaient des éléments supplémentaires pour mon engagement dans le combat quotidien, pour que les femmes et les hommes aient, comme aujourd’hui, toute leur place dans une société plus humaine. Jeune militant, je fus très vite mis à l’épreuve sur le terrain de l’entreprise où, au nom du personnel, je portais ses revendications au patron. Première victoire pour une augmentation des salaires. J’éprouvais une grande satisfaction. Le chemin, désormais, était tracé ! Imprégné de l’idéal pour la démocratie et l’indépendance des pays en voie de développement, je me suis engagé pour l’émancipation des peuples partout dans le monde contre la domination du capitalisme. Ce combat permanent s’est accompagné, les années suivantes, d’une réflexion sur les pays dits « démocraties populaires » et le rôle de leurs dirigeants communistes. Toutes mes luttes d’hier comme celles d’aujourd’hui ont le même objectif, prendre parti pour le progrès social, pour les libertés, contre la répression policière, pour la libre expression, pour la paix contre l’oppression des peuples. Ces combats menés hier rejoignent ceux d’aujourd’hui. Que ce soit au Moyen Orient, en Afrique, en Amérique latine, comme ce fut hier, en Algérie, en Afrique du Sud, en Palestine... Avec les communistes, j’ai toujours pris ma part dans ces importants combats, ne lâchant rien. Certes, durant ces sept dernières décennies, j’ai eu des périodes de doute dans ma vie de militant à toutes épreuves. À l’issue de ce long chemin, je les ai surmontées. Riche d’une très longue expérience dans le parti de Martha Desrumaux, de Gino Ferrari ou de Roger Pannequin, je ne saurais m’en détacher. À la veille du centenaire de 1920, il reste beaucoup à faire. Comme le préconisait le philosophe américain Lippmann au début du XXe siècle, le macronisme essaie aujourd’hui, d’imposer sa politique en expliquant qu’il n’y a pas d’autre choix. Avec mes camarades, nous rejetons l’ultra-libéralisme, une politique néfaste pour tous les peuples. L’avenir appartient à celles et ceux qui luttent. Comme aujourd’hui, l’ensemble des services hospitaliers, les enseignants, le monde du travail. Hier, pour organiser l’accueil des réfugiés espagnols victimes de la barbarie de Franco, aujourd’hui pour porter secours aux milliers de réfugiés fuyant les guerres et le terrorisme en Afrique ou au Moyen Orient, les communistes expriment, c’est dans leur nature, leur entière solidarité.