L’usine calaisienne n’en est pas à ses premiers déboires. Déjà, il y a dix ans, alors qu’elle s’appelait encore Calaire Chimie, elle passait sous le giron de la société Synthexim, filiale du groupe Axyntis. Cette reprise avait permis de sauver l’entreprise. Dix ans plus tard, la situation se répète. Actuellement en redressement financier, les salariés craignent une liquidation. Deux repreneurs se sont manifestés. « Nous sommes détenteurs d’un certain nombre de licences pour un panel assez large de médicaments, indique Xavier Delmarre, délégué syndical CGT. Nous avons un savoir- faire et à l’heure des discours sur la souveraineté en matière de santé, ce serait incompréhensible que notre usine ne soit pas sauvée. » Le syndicaliste reproche notamment aux pouvoirs publics, et notamment à l’État, de ne pas prendre position pour Synthexim. « Il pourrait injecter des fonds et prendre parti. Or, là, c’est le silence absolu alors qu’on manque de médicaments en France », déplore-t-il.
Seul fabricant français d’un médicament en tension
La sénatrice PCF du Pas-de-Calais, Cathy Apourceau-Poly, a d’ailleurs alerté le 9 mars le ministre de la Santé via un courrier. Elle évoque notamment « les difficultés d’approvisionnement en Ritaline, un médicament utilisé pour soigner les personnes atteintes de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité ». Plus loin, elle écrit : « Il existe à Calais une usine capable de produire ce composant. Il s’agit de Synthexim, qui est actuellement placée en redressement judiciaire et mise en vente par son propriétaire. » « Il y a là peut-être une solution à la fois aux problèmes des utilisateurs de ce médicament et à ceux des salariés de Synthexim, qui faute de repre neurs pourraient se retrouver sans emploi. » 120 salariés sont concernés. Pour l’heure, aucun débrayage ou mouvement de grève n’est organisé. « On ne veut pas faire fuir les repreneurs, explique Xavier Delmarre. On est là pour montrer qu’on sait produire. On travaille pour notre salaire. » Ce qui ne les empêche pas de se mobiliser pour la retraite. « Mais avant la retraite, il y a le travail. Et même si on participe aux grèves contre la réforme des retraites, nous, on doit d’abord sauver notre travail. » Les salariés craignent, c’est de revivre la même situation que celle de 2013. « Il y a eu une centaine de licenciements au moment de la reprise. Il y a eu également beaucoup de divorces », regrette le représentant du personnel. Deux repreneurs potentiels, un Italien et un Français, ont déposé un dossier de reprise. Le 20 mars, le tribunal de commerce d’Orléans a décalé sa décision au 2 mai prochain.