© Jacques Kmieciak
Huy et Grenay se souviennent de la grève de Mai-Juin 1941

Au nom de la mémoire des luttes

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 29 juillet 2022 à 16:45

Comme à son habitude depuis 2016, une délégation de Grenay s’est rendue à Huy (Belgique) afin de commémorer la grande grève de Mai-Juin 1941 lancée autour de revendications tant matérielles (du pain, du savon...) que patriotiques.

C’est ici, au fort de Huy, sur les bords de Meuse, que sont incarcérés 273 de ces travailleurs du Nord-Pas- de-Calais arrêtés suite à ce mouvement social d’ampleur qui se déroula du 27 mai au 10 juin 1941. Le 23 juillet, 244 d’entre eux sont déportés à Sachsenhausen en Allemagne. 136 ne survivront pas à l’« enfer des camps ». Avec la ville de Huy, « notre ambition est de rappeler le rôle des mineurs de France comme de Belgique dans la lutte contre l’occupant, mais aussi de faire vivre ce lieu de mémoire », souligne Christian Champiré, le maire PCF de Grenay à la tête d’une délégation municipale. À ses côtés, l’historien Pierre Outteryck se charge de rappeler les circonstances de cette grève dont le récit gagnerait à intégrer les programmes scolaires comme le gouvernement s’y était d’ailleurs engagé auprès de la « commission Gilmez ». Une attention particulière est portée à la jeunesse « invitée à s’emparer » de l’évènement. 34 jeunes de Grenay avaient ainsi fait le déplacement pour l’occasion.
Membres du Centre animation jeunesse (CAJ), Dylan Debarge (16 ans), Dylan Gouillart (15 ans) et Fleur Fouret (14 ans) s’étaient portés volontaires pour ce déplacement en Wallonie. Le premier avait vaguement entendu parler du sujet. Les autres pas du tout. D’autant moins qu’il « n’a jamais été abordé en classe », précisent-ils. Ils tirent de leur escapade mémorielle un « bilan positif ». Ces mineurs « ont eu le courage de se rebeller contre les Allemands. Ça m’a impressionné. Pour moi, ce sont des modèles dont on peut s’inspirer d’autant qu’à tout moment, ça peut recommencer. Ça fait peur.En rentrant, j’en ai d’ailleurs discuté avec ma mère et un ami », lance Dylan Debarge. Quant à Fleur Fouret, elle trouve « immoral que l’on rejette des gens parce qu’ils sont différents ». Tous trois imaginent désormais s’entretenir de cette question avec leur entourage. « Ils pourront aussi le faire avec nous ou les élus », imagine Laëtitia Gouillart, animatrice au CAJ. Elle a particulièrement apprécié « le discours de Pierre Outteryck. Il s’est adressé aux jeunes en faisant la promotion des valeurs de solidarité, d’entraide, de respect. C’était émouvant ».
Au fil des ans et des cérémonies commémoratives, Huy et Grenay se sont rapprochées au point de signer, ce mardi, un pacte d’amitié. « Il nous permettra d’approfondir nos relations dans d’autres domaines. Il pourrait être le prélude à un jumelage », lâche Christian Champiré ravi de l’accueil que lui a réservé la municipalité hutoise.