Une exposition sur cette thématique est visible à la médiathèque jusqu'au 2 décembre.Crédit photo : Lucien Petit
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

Avec le Collectif du 25 novembre, sensibiliser les adolescents

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 29 novembre 2022 à 16:10 Mise à jour le 30 novembre 2022

Ce vendredi 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faite aux femmes, décrétée par l’ONU en 1999, le Collectif du 25 novembre sensibilisera les 4e et 3e du collège de Leforest au sujet [1]. Rencontre avec Nadine Baude, l’une de ses animatrices.

  • Quand est né le Collectif du 25 novembre ?

Rayonnant sur l’arrondissement de Lens, notre collectif est né du rapprochement entre le Planning familial, l’association Solfa Brunehaut (accueil des femmes battues et hébergement d’urgence) et le Centre d’information des droits des femmes (accompagnement juridique), tous au contact de femmes victimes de violences conjugales. Depuis, nous nous sommes élargis à la Ligue de l’enseignement, Amnesty International, Culture et Liberté et l’association d’insertion Vestali. Nous travaillons en direction non seulement du grand public, mais aussi des scolaires dans un souci de prévention. Dès 2018, le collectif a ainsi échangé avec des élèves du primaire sur la thématique de l’égalité « hommes – femmes ».

  • Vous avez ensuite élargi votre champ d’intervention aux adolescents...

Oui, car on s’est rendu compte que les phénomènes de violence au sein d’un couple entretenant des relations amoureuses, débutaient dès l’adolescence. Cette violence prend des formes nouvelles à travers l’utilisation des réseaux sociaux. Le petit copain contrôlera que sa petite amie est bien là où il désire qu’elle soit, qu’elle n’est pas en contact avec d’autres garçons ou qu’elle s’habille selon ses souhaits. Ça, c’est la partie « emprise », peut-être la plus soft. Mais la violence peut revêtir des aspects plus graves encore. Il menacera par exemple la jeune fille de poster des photos d’elle dénudée sur le net ou ira même jusqu’à « partager » sa petite amie avec ses potes.

  • La vie affective, relationnelle et sexuelle est-elle au programme des établissements scolaires ?

Tout à fait ! Une loi de 2001 prévoit de l’enseigner du CP à la terminale, à raison de trois séances par an. Mais aucun élève n’en bénéficie pour deux raisons : les enseignants s’estiment, à juste titre, insuffisamment formés et surtout, on ne leur donne pas les moyens de faire appel à des personnes compétentes de l’extérieur. Bien sûr, la pédagogie n’est pas du ressort des collectivités locales. Mais, celles-ci n’hésitent pourtant pas à payer des intervenants extérieurs dans le domaine du sport ou de la musique... Notre collectif milite pour que la loi soit appliquée.

  • Vos interventions sont-elles préparées en classe par les enseignants ?

Tout dépend de la compréhension qu’ils ont de notre partenariat. Si notre présence est liée à une initiative de l’infirmière scolaire ou d’un CPE, ils viendront peut-être les mains dans les poches, mais pas question de les mettre au pilori. Souvent, ils découvrent cette thématique en notre présence et ils se sentent mieux armés pour la travailler ensuite auprès de leurs élèves.

  • Comment réagissent justement ces derniers ?

Très bien. Dans un lycée d’Hénin-Beaumont en 2019, des jeunes filles sont venues nous voir, à toute vitesse en se cachant du regard des autres. Elles trouvaient « génial » que les garçons soient tenus d’assister à ces rencontres. Énormément de jeunes viennent par ailleurs à nos permanences du Planning familial [2].

  • Constatez-vous une évolution des consciences autour de cette thématique ?

Dans les collèges et les lycées, la prise de conscience vient des difficultés à gérer le quotidien auxquelles sont confrontées les enseignants. Un viol a eu lieu dans un établissement du secteur. Le violeur n’imaginait même pas que le rapport sexuel qu’il avait imposé à sa copine était assimilable à un viol. Il est tombé de l’armoire quand son professeur le lui a fait comprendre. Notre objectif n’est pas de médiatiser ce type de comportement. Le collectif souhaite faire prendre conscience que cette violence renforcée, je le répète, par l’usage des réseaux sociaux, met en difficulté l’équipe pédagogique et qu’il ne s’agit pas d’un dossier mineur.

Grande Synthe.Un groupe de travail contre les féminicides

Dans cette ville du Dunkerquois, un groupe de travail a été créé à la suite d’un féminicide commis en 2014. Il est dirigé par Virginie Rahmani, directrice du service vie associative à la mairie de Grande Synthe. «  Plutôt que de créer un lieu de commémoration, il semblait important de pouvoir développer une vraie action de prévention et de sensibilisation. Le groupe se réunit une fois par mois à la maison de la citoyenneté pour libérer la parole. Il s’agit aussi de travailler sur l’égalité filles garçons dès le plus jeune âge.  », dit-elle. Formatrice autodéfense féministe, Robine Anders encadre pour sa part des stages «  pour faire découvrir aux femmes leurs forces et pour apprendre à se défendre grâce à des techniques simples accessibles à tous ».

  • Les ateliers sont ouverts à toutes les femmes à partir de 16h. C’est gratuit sur inscription auprès du service de l’Atelier, Université populaire au 03 28 29 17 63 plus d’info sur ville-grande-synthe.

Notes :

[1Ce vendredi 25 novembre à Leforest, cette Journée internationale se poursuit à partir de 14h 30 à travers un « défilé de l’émancipation » et un spectacle de théâtre de la compagnie « La Belle Histoire » suivis d’un débat et d’un moment convivial à la salle des fêtes, 12 rue Léon-Blum. L’exposition « Blessures de femmes » de Catherine Cabrol est par ailleurs visible à la médiathèque Bernard Pivot, 15 place Salengro jusqu’au 2 décembre

[2Les permanences du Planning familial se déroulent chaque lundi et mercredi de 14 à 18h et le vendredi de 14 à 17h, rue François-Gauthier à Lens. Elles sont accessibles sans rendez-vous et gratuitement. Anonymat assuré. Rens. au 03 21 28 43 25