La situation est dramatique pour le millier de salariés employés par le site du groupe japonais de pneumatiques. Depuis longtemps, maintenant, l’avenir de l’usine béthunoise est posé. Fin mai, à l’issue d’un référendum, ces salariés avaient refusé à une majorité de 60 % un « accord de performance collective » qui projetait d’augmenter la capacité de production de 16 000 à 18 000 pneus par jour tout en baissant le coût de transformation. Pour ce faire, les salariés devaient passer de 32,04 heures à 34,7 heures par semaine, mais avec une augmentation de salaire la première heure de plus.
9000 pneus/jour fin décembre
Cet accord était aussi lié à un projet d’investissement de 6 millions d’euros sur trois ans, un chiffre nettement insuffisant quand on sait que l’entretien des machines s’élève à 3M€ et que, par ailleurs, le groupe investit 160 M € sur son site polonais. De quoi fâcher les salariés et leurs représentants syndicaux, sauf la CFTC qui avait donné son accord au projet. On savait aussi, à l’époque, que le niveau d’investissement nécessaire pour le site de Béthune s’élevait à 40 millions d’euros par an.
Qu’en est-il aujourd’hui ? En 2018, la production de Bridgestone Béthune était allée jusqu’à 18 000 pneus par jour. Alors que tout le monde craignait une diminution de ce chiffre à 12 000 pneus/jour, celui-ci a été atteint en septembre. En novembre, les prévisions portent sur 11 000 pour, fin décembre, descendre en dessous de la barre des 10 000 avec une production de 9 000 pneus.
Cela s’explique par la crise du marché du pneumatique en Europe occidentale. Mais force est de constater que l’effet de cette crise est essentiellement porté sur le site du Pas-de- Calais. La direction tente d’expliquer la situation par un mouvement de grève observé durant chaque week-end.
Des négociations ont été menées pour tenter d’adapter les effectifs au niveau de production. En clair, il était question de supprimer une équipe. L’intersyndicale ayant refusé de signer, on en arrive à une situation de blocage. Il n’empêche, en lien avec la baisse de production à 9 000 pneus, la direction envisage la suppression d’une centaine de postes d’intérimaires sur 148.
Suppression de 100 intérimaires
Le 4 octobre dernier, Cathy Apourceau avait posé une question orale devant le Sénat sur l’intention ou non du groupe Bridgestone de fermer son site de Béthune. En dénonçant le « silence assourdissant de l’État », alors que rien n’avait transpiré d’une rencontre, au printemps dernier, entre le président Macron et le Premier ministre japonais, elle avait souligné que « le sort de Goodyear, à Amiens, est dans tous les esprits ».
Ni le président du Conseil régional, Xavier Bertrand, ni le maire de Béthune, Olivier Gacquerre, ne parviennent à obtenir de réponse. À présent, c’est aussi au sort de Michelin-Niort que l’on pense. Alors, la sénatrice a réclamé et obtenu une rencontre à Bercy, en présence d’une délégation de l’intersyndicale, avec le délégué interministériel aux restructurations d’entreprises, Marc Glita. Un rendez-vous est prévu pour novembre. Une telle rencontre avait déjà eu lieu le 23 novembre 2018. Elle avait permis de démontrer que le projet d’accord qui devait alors être discuté ne prévoyait rien en termes d’investissement. La cause du déclin de l’usine.
Les salariés de General Electric Belfort ont approuvé, lors d’un vote à main levée, un plan d’économie annuel de 12 millions d’euros. En contrepartie, le nombre d’emplois supprimés passe de 792 à 485.