Blanquer entarté, les profs vengés

par JEROME LEROY
Publié le 9 juin 2022 à 23:40

Pour qui a vécu comme enseignant, ou proche d’enseignant, les interminables cinq années avec Blanquer, triste recordman de durée dans le poste de ministre de l’Éducation nationale, son aspersion de crème chantilly alors qu’il faisait campagne comme candidat macroniste parachuté à Montargis, est une petite revanche. Blanquer… Blanquer et son mépris de chaque instant. Blanquer et ses manipulations. Blanquer et sa désinvolture incompétente. Blanquer et sa gestion chaotique de toutes ses réformes iniques. Blanquer et sa tentative d’instrumentalisation des lycéens par un faux syndicat payé sur les fonds public. Blanquer et sa manière de jouer l’opinion publique contre les profs de manière infiniment plus systématique que ses prédécesseurs, rendant les enseignants responsables de tous les maux dus à sa propre nullité (imaginons un ministre de l’Intérieur faire ça avec ses flics). Mais aussi Blanquer et tous les week-ends, toutes les rentrées, toutes les soirées et parfois toutes les nuits de stress à attendre des protocoles sanitaires délirants qu’il est même allé jusqu’à annoncer depuis des vacances à Ibiza. Blanquer et son refus d’avoir profité de cette crise sanitaire pour repenser l’architecture future des établissements scolaires et les rendre plus salubres. Blanquer qui s’est appuyé sur la Société française de pédiatrie, la seule au monde qui a dit que les enfants n’étaient pas contagieux ni même porteurs du virus, justifiant ainsi « scientifiquement » son maintien des écoles ouvertes dans des conditions dangereuses pour les plus fragiles. Blanquer pour les burn-out, les larmes, pour les concours où personne ne se présente plus car plus personne n’a envie d’exercer un métier aussi mal payé et mal considéré. Blanquer qui a utilisé le discours de l’extrême droite en lançant des colloques contre l’islamogauchisme alors qu’une nouvelle vague submergeait les écoles. Blanquer pour Parcoursup et les angoisses généralisées des parents et des mômes devant une orientation devenue un cauchemar. Finalement, je trouve que la tarte à la crème de Montargis est vraiment bien peu de chose. Les responsables de cet « attentat pâtissier », inventé par l’agitateur anarchiste belge Le Gloupier qui prenait régulièrement BHL pour cible, sont deux profs dans la cinquantaine. Ils se sont retrouvés en garde à vue. Ils vont prendre cher parce qu’ils sont profs et qu’un prof « ne devrait pas faire ça ». Blanquer n’a même pas eu l’élégance de ne pas porter plainte. Ma solidarité envers les deux profs de Montargis est totale et inconditionnelle parce que les idées ont des conséquences : une tarte à la crème pour avoir détruit l’école de la République et préparé sa privatisation voulue par Macron pour son second quinquennat, c’est bien peu cher payé.