TRANSMANCHE

Brexit : interrogations sur le littoral régional

par Mathieu Hébert
Publié le 25 janvier 2019 à 11:43

Embouteillages, délocalisations, financement d’infrastructures transmanches... Le Brexit aura des conséquences concrètes sur le littoral régional. Serons-nous prêts ? Combien ça coûtera ?

Il y a quelques mois, le préfet de région sortait de son habituelle réserve pour alerter le sommet de l’Etat sur le degré d’impréparation de la France dans la perspective de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Qui dit rétablissement des frontières dit contrôles : or des douaniers et des policiers, ça ne se forme pas en un jour.

Du point de vue de l’administration, le gouvernement l’assure : la France sera prête ; les effectifs seront bien affectés. A Calais ou à Dunkerque, pouvoirs publics et gestionnaires portuaires se disent eux aussi prêts à accueillir de nouveaux équipements de contrôles et d’inspection.

Problème : après le rejet par le parlement britannique de l’accord conclu par la Première ministre Teresa May et la Commission européenne, on ignore encore quelle sera la nature des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, et donc les activités qui en découlent.

« Nous serons prêts  », a affirmé Edouard Philippe, Premier ministre, venu à Calais le 18 janvier. « Les travaux auront été réalisés, les recrutements auront été faits, les procédures auront été mises en œuvre, ou adaptées pour celles qui existent, pour qu’un Brexit dur se passe dans les meilleures conditions possibles  », promet-il. Par quel miracle ?

Les risques d’un Brexit « dur » ont déjà été identifiés de Boulogne à Calais. Le premier risque, et le plus immédiat, c’est celui de l’engorgement des infrastructures, lié au rallongement des contrôles, avec la crainte d’énormes bouchons sur l’A 16 (on parle de 25 km de file d’attente de camions). Autre risque : voir une partie des trafics du Nord et du Pas-de-Calais se déporter vers la Belgique et les Pays-Bas. En témoigne ce projet de liaison ferry - financé par le gouvernement britannique - entre Ramsgate et Ostende. Ses promoteurs, dont certains anciens de MyFerryLink, ne disposent aujourd’hui que d’une adresse à Londres, mais aucun bateau encore.

Des ouvriers posent des « X Blocs » qui composent la future digue du port de Calais. (Photo Mathieu Hébert)

A Calais, où le chantier d’extension du port transmanche se poursuit, on s’interroge : le chantier, d’un coût de plusieurs centaines de millions d’euros, est basé sur des prévisions de trafic estimées avant l’hypothèse du Brexit. En cas de report du trafic vers le Benelux, qui supportera l’éventuel surcoût ? C’est la question qu’aurait voulu poser Cathy Apourceau-Poly au Premier ministre, mais qui n’a pas pu prendre la parole.

Autre sujet de préoccupation pour la sénatrice communiste : l’avenir des pêcheurs et des industries de transformation du poisson, qui font vivre Boulogne-sur-Mer. Quotas de pêches, dispositifs de contrôles sanitaires habilités à Boulogne... Tout reste à définir. Si le calendrier est maintenu, le Brexit sera effectif le 29 mars. C’est demain.