Le comité lillois des Amis de la résistance-Anacr [1] ne pouvait évidemment passer à côté de la tragédie ukrainienne. Pour lancer leur assemblée, samedi dernier, à Haubourdin, les « Amis » avaient convoqué Jean Ferrat, en chanson bien sûr (« La Paix sur Terre », 1991). À bien l’écouter, ce texte d’il y a trente ans, qui dit « nous ne voulons plus de guerre, plus de sang sur la Terre », semblait avoir été écrit la veille. Les anciens résistants et ceux qui entretiennent la mémoire de leurs combats sont sûrement parmi les plus habilités à élever leurs voix dès que retentit le bruit des armes. « La paix et les droits de l’Homme sont l’identité même de notre association », rappelait d’emblée la présidente Colette Becquet. Suivait un débat exprimant l’inquiétude qui a envahi les esprits avec cette guerre si proche, mais aussi la volonté de faire entendre fort, très fort, l’appel au cessez-le-feu afin de sauver un maximum de vies. Mesurant la « menace sur la sécurité en Europe, la paix dans le monde et potentiellement l’avenir de l’humanité en cas de conflit nucléaire », l’Anacr n’envisage pas d’autre voie que « le dialogue ». Et de suggérer de revenir à la source, celle de l’article premier de la Charte de l’ONU signée par la Russie et l’Ukraine en 1945, qui exige de « maintenir la paix et la sécurité internationales ».
19 mars prochain, les 60 ans du cessez-le feu en Algérie
Les hasards du calendrier font que le 19 mars prochain sera commémoré le 60e anniversaire de la fin de la guerre en Algérie. C’était en 1962. L’Anacr y sera. Robert Deberghes (délégué de l’Onac [2]), un de ceux qui perdirent là-bas leurs 20 ans, rappela qu’il fallut attendre 37 ans pour que la France reconnaisse enfin qu’elle faisait la guerre de l’autre côté de la Méditerranée, et pas seulement du « maintien de l’ordre ». Curieusement, cela nous ramenait à l’Ukraine. Face aux caméras de France 2 lundi matin, l’ambassadeur de Russie en France, visiblement conscient lui-même de l’énormité de son propos, maintenait encore que son pays ne menait pas de guerre, simplement une « opération militaire »... Mais le moment fort de cette assemblée haubourdinoise fut, sans conteste, la participation, en fin de matinée, d’une délégation des jeunes du lycée Beaupré d’Haubourdin dont l’auditorium porte désormais le nom de Pierre Charret, venu à maintes reprises témoigner dans cet établissement. L’ancien résistant n’aurait évidemment, pour rien au monde, raté cette nouvelle rencontre intergénérationnelle. Elle donna lieu à un échange du genre de ceux qui redonnent espoir quand l’horizon paraît assombri. Loin de la perception que l’on a parfois du monde des anciens combattants, les Amis de la résistance-Anacr accomplissent décidément en direction des jeunes un travail intelligent de transmission et de partage de l’histoire. La Résistance n’est pas une affaire ancienne, une page à tourner, mais un ensemble de valeurs humaines, si l’on peut dire indémodables, qui se nomment courage, justice, liberté... De quoi aider les générations d’aujourd’hui à bâtir un monde de paix. « Devant tous les peuples frères qui s’en porteront garants, déclarons la paix unilatéralement » chantait l’ami Jean, samedi dernier, à Haubourdin.