Femmes en politique

Engagées, oui, mais à quel prix ?

par Franck Jakubek
Publié le 6 mars 2020 à 17:34 Mise à jour le 10 mars 2020

Les communistes de Loos-Haubourdin ont bien choisi le moment pour faire parler deux femmes du Nord, samedi 7 mars [1] Michelle Demessine, ancienne ministre et ancienne sénatrice du Nord et Karine Trottein, première secrétaire du PCF dans le Nord et élue sortante à Hellemmes. Deux femmes communistes qui n’ont pas laissé passer la chance d’être utiles, d’agir et de prendre des responsabilités.

Deux engagements mais pas les seuls, car dans notre région, les femmes comme Annick Mattighello, Émilienne Galicier ou Martha Desrumaux ont toujours agi. Aujourd’hui elles s’appellent Virgine Quenez, Christiane Fonfroide, Dominique De Clercq Danel ou Isabelle Choain. Elles sont tête de liste dans la région ou élues sortantes. Le PCF a toujours fait le choix de construire l’avenir avec les femmes.

Déjà bien avant que le droit de vote soit accordé aux femmes en Bretagne, Douarnenez fait élire une femme à la tête de la commune avant que le pouvoir ne l’invalide. Une femme est aussi dans la liste des candidates à Waziers et Martha Desrumaux fut députée le temps de la constituante de 1944. Mais pour quelques figures politiques marquantes, combien de femmes voient leur investissement neutralisé ? Les inégalités se nichent d’abord dans le quotidien et notamment la répartition des tâches, socialement intégrée depuis des années.

Un homme trouvera toujours plus facilement le temps, sur sa vie de famille, de participer à une réunion tardive alors qu’il est souvent reproché aux femmes leur absence. Ces dernières doivent gérer une triple, voire une quadruple, journée entre travail, gestion du foyer, vie familiale ou conjugale, et éventuellement militante. Par ailleurs, il s’avère parfois difficile pour une femme de réussir à investir un milieu qui reste à majorité masculine, par manque de modèles, mais aussi par nécessité de devoir prouver constamment sa légitimité.

Quelles solutions face à ces freins ? La parité fait bien apparaître un nombre équivalent d’hommes et de femmes sur les listes aux municipales, mais combien sont en tête de liste ? Pascale Bodart, tête de liste à Monchecourt (59), le dit bien : « J’ai le sentiment d’avoir 15 % de retard par apport aux candidats hommes. En France, malgré l’obligation de la parité sur les listes électorales, le patriarcat exerce son pouvoir dans le domaine politique. » Depuis 2014, il n’y aurait eut en France que 17 % de femmes élues maires et 29 % ayant accédé à la fonction de première adjointe.

Toute la France aime ces femmes combattantes, des sardinières de Bretagne aux fileuses du Nord et dentellières de Calais et Caudry.Le meilleur moyen montrer, c’est peut-être d’user de notre droit de vote le 15 mars prochain pour soutenir celles qui font le choix de s’engager malgré les défis rencontrés.

Notes :

[1À 17 h 30, salle Beaupré à Haubourdin (59).