Coronavirus

Entre maintien des élections et fermeture des écoles, les responsables fédéraux réagissent

par Justine Frémy
Publié le 13 mars 2020 à 15:28

Alors que l’épidémie de Coronavirus semble s’être amplifiée ces derniers jours en France, on dénombrait jeudi 2 876 personnes contaminées, dont 129 dans un état grave, et 61 personnes décédées, Emmanuel Macron a annoncé dans une allocution la fermeture inédite de toutes écoles du pays à partir du lundi 16 mars, et ce « jusqu’à nouvel ordre ». Le premier tour des élections municipales, dimanche 15 mars, est cependant maintenu. Un choix qui a fait réagir les responsables fédéraux du PCF.

Hervé Poly
Premier secrétaire fédéral du PCF (Pas-de-Calais)

Hervé Poly, premier secrétaire fédéral du PCF dans le Pas-de-Calais trouve qu’il y a « une incohérence à décider de fermer les écoles sans reporter les élections, ce qui risque de créer un vent de panique et une abstention très forte dans tout le pays. (...) D’autant plus qu’on organise un premier tour, sans savoir si le deuxième tour pourra, lui, avoir lieu ». Karine Trottein, première secrétaire fédérale du PCF dans le Nord, considère, elle, qu’il n’est pas cohérent de fermer les écoles tout en maintenant les transports ouverts. « D’après moi, il fallait soit tout fermer, soit tout laisser, mais pas faire les choses à moitié. Je pense qu’à un moment, il faudra quand même prévoir de limiter les transports. » Si elle souligne que des mesures sanitaires ont bien été prises pour assurer l’hygiène dans les bureaux de vote, telles que la désinfection des écoles ou la mise à disposition de gel hydroalcoolique, la rendant confiante quant à la participation des citoyens au scrutin, elle rejoint cependant Hervé Poly sur le risque d’annulation du second tour « qui lui est plus incertain au vu de l’évolution de l’épidémie ».

Par ailleurs, si les présidents des Assemblées et des groupes parlementaires, ainsi que les chefs de partis et les présidents des associations d’élus, consultés ce matin, se sont prononcés majoritairement en faveur du maintien des élections, les groupes d’opposition, dont le PCF, ont aussi réclamé des mesures sociales et économiques pour faire face aux conséquences de l’épidémie. Emmanuel Macron a répondu en partie à ces demandes, notamment en annonçant le report de deux mois de la trêve hivernale ou le financement du chômage partiel.

Karine Trottein
Première secrétaire fédérale du PCF (Nord)

Mais Hervé Poly et Karine Trottein déplorent les incertitudes qui pèsent encore sur les entreprises. « Le grand sujet maintenant c’est l’économie, on a déjà beaucoup de secteurs qui sont touchés, comme le tourisme ou les entreprises qui s’arrêtent de tourner faute de commandes. On se demande aussi comment les gens vont pou- voir aller travailler s’ils doivent garder les enfants qui ne vont pas à l’école... (...) Beaucoup d’incertitudes demeurent » s’inquiète Karine Trottein. Aujourd’hui, 3 600 entreprises ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel, ce qui concerne environ 60 000 salariés, et devrait représenter 180 millions d’euros pour l’État. « Il y a encore beaucoup d’incertitudes et de choses vagues. J’ai l’impression qu’encore une fois, on va laisser les élus locaux s’occuper des problèmes » craint Hervé Poly. Du côté des syndicats, la CGT, FO et la CFDT ont demandé la suppression des nouvelles règles de l’assurance chômage censées entrer en vigueur au mois d’avril. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, ne s’est cependant pas encore positionnée sur la question, annonçant des mesures « d’ici quelques jours ».

Enfin, la question se pose de la réaction du système de santé français face à la propagation du virus. On apprenait ainsi ce soir que des personnels de santé du CHR de Lille et de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul avaient été infectés par le Coronavirus. Si Olivier Véran, le ministre de la Santé, a assuré qu’il ne constatait pour l’instant « aucun signal de saturation d’un service de réanimation (...) dans un hôpital français », Hervé Poly s’inquiète, lui, des « grandes difficultés pour accueillir les patients et des problèmes en termes d’équipement, notamment avec le nombre de respirateurs qui vont être insuffisants » comme cela a pu être le cas en Italie. Karine Trottein nuance cependant, rappelant que « les hôpitaux sont préparés et prêts. Le CHR de Lille s’apprête notamment à ouvrir un second service pour accueillir les malades du Coronavirus. Il faut garder à l’esprit que le système de soins français n’est pas celui de l’Italie, il est bien plus développé et on ne devrait donc pas tomber dans les mêmes travers que l’Italie. » Reste à voir comment les citoyens vont réagir à ces mesures dimanche 15 mars, devant les urnes.

Lire aussi les réactions de Fabien Roussel et Ian Brossat dans notre article.

(Article réalisé en collaboration avec La Marseillaise)