Estimez-vous heureux !

par JEAN-LOUIS BOUZIN
Publié le 28 octobre 2022 à 12:42

Ils ont eu du courage ceux qui sont restés, mercredi soir, devant leur télé, à écouter Emmanuel Macron. Vingt minutes ont suffi, l’affaire était pliée. L’inflation ? « C’est parce que l’on a trop dépensé » (sous-entendu pour la population)... « Non, on ne peut pas bloquer les prix, parce que l’on n’administre pas l’économie  ». Indexer les salaires sur les prix ? Surtout pas. « Cela ne ferait qu’entraîner une inflation plus forte. Des centaines de milliers d’emplois disparaîtraient... ». Et puis, «  le pouvoir d’achat a augmenté durant le précédent quinquennat et il est stable en 2022 » a lâché le président. Autrement dit, de quoi nous plaignons-nous ? Non, le président n’envisage pas de faire pression sur le patronat pour satisfaire les revendications. Il « fait confiance au dialogue social dans l’entreprise ». Un meilleur partage des richesses ? Voyez cela avec les employeurs... comme Monsieur Pouyanné, le dirigeant de TotalEnergies. L’État ne s’en mêlera pas. Et donc, on va maintenir le cap, «  continuer la politique des boucliers », ne laisser par exemple augmenter l’électricité que de 15 %, en payant avec l’argent public la différence aux fournisseurs d’énergie qui gonflent leurs prix. Idem pour les carburants. Pas question non plus d’augmenter les impôts (que les nantis se rassurent) ni de taxer les surprofits. On se contentera de mettre en œuvre la mesurette adoptée au niveau européen qui consiste à prélever 33 % de 20 % du surplus de profits sur la moyenne des profits... L’équivalent d’une cuillère à café. Comme le premier des macronistes n’envisage pas de prendre l’argent où il se trouve, il faudra bien que les Français se retroussent les manches et travaillent plus longtemps. Et forcément, impossible de faire autrement que de reculer l’âge de départ à la retraite à raison de quatre mois supplémentaires par an, jusqu’à 65 ans. Ce que cela impliquerait pour les salariés concernés, ceux notamment confrontés à des travaux pénibles ? Emmanuel Macron visiblement, ne se pose pas la question. Enfermé dans sa logique ultralibérale , le locataire de l’Elysée est apparu, mercredi soir, à la télé, en décalage complet avec les aspirations d’une bonne partie des Français. « Estimez-vous heureux », leur a-t-il dit, en substance. On s’en souviendra.