L'école du 11 mai

Et comment les maîtres iront ?

Déconfinement

par Franck Jakubek
Publié le 7 mai 2020 à 11:40

Après plus de 50 jours de confinement, la décision va tomber ce soir [7 mai, ndlr]. Elle est déjà connue. Ne serait-ce qu’au travers de la carte de France de la puissance de déconfinement, faisant passer d’un jour à l’autre tel département de l’orange au vert et tel autre du rouge à l’orange. L’enjeu est grand : la rentrée des enfants. Et la relance de l’économie. Personne au sein de l’Éducation nationale n’est dupe. Aucun enseignant, aucun parent, certains bouillonnent un peu à la maison de faire, en même temps, le télétravail, les courses, le ménage, les devoirs du petit, les leçons de la grande.

Du coup, la reprise en main par les enseignants des chères têtes brunes ou blondes est une perspective joyeuse pour les parents qui louent plus que jamais les qualités d’enseignants des maîtres de leurs enfants. Mais la majorité est rongée par l’inquiétude, le peu de certitudes et le désarroi. Comme les directeurs et directrices d’école, bien obligés, là où les mairies pensent disposer des moyens nécessaires pour accomplir la « rentrée » dans des conditions sanitaires et de sécurité.C’est bien la question que se pose Arnaud Marié, à Armentières.

Élu au conseil municipal, il a tenté de faire revenir le maire sur sa décision, en vain. Directeur d’école, il gère déjà l’accueil des enfants des soignants et personnels requis. Une mission remplie sans faille, mais qui lui fait dire que la place n’est pas extensible dans les écoles pour permettre la distanciation sociale. La première des priorités pour lui est la sécurité des élèves et des enseignants. Et dans certaines écoles, les professeurs ont aussi leurs contraintes sur le dos. Tel enseignant est en arrêt maladie, une autre est considérée comme personne à risque. Et chaque enseignant a aussi ses propres enfants. Seront-ils accueillis dans leur commune par une école ouverte ?

La place dans les écoles n’est pas extensible

« Beaucoup de questions restent en suspens » évoque Nicole Taquet, directrice de l’école Bara à Lille-Fives. Avec les contraintes, dans cette grande école qui accueille en temps normal 410 élèves, c’est moins d’un tiers qui peuvent avoir une place en classe. Et pour ceux qui restent à la maison, il faut assurer la continuité pédagogique, l’enseignement à distance. Heureusement, dans cette école lilloise, la solidarité est active. Beaucoup de foyers ont été équipés au fil de l’eau pour pouvoir accéder aux devoirs en ligne. Lille a décalé la rentrée au 14 mai. Il n’empêche que l’égalité devant l’enseignement est bien difficile à mettre en œuvre. Dans les quartiers populaires, c’est un enjeu capital.