Édouard Philippe sur France 2

Et pan sur la solidarité

par JEAN-LOUIS BOUZIN
Publié le 23 mars 2020 à 16:01

Mardi au « 20 heures » de France 2, Anne- Sophie Lapix repose la question à Édouard Philippe : « Allez-vous empêcher les licenciements ? » Le Premier ministre a répondu à côté une première fois. Impossible de se dérober une seconde fois. Conscient de jeter un froid, il lâche néanmoins pour « être parfaitement clair, interdire les licenciements, je ne pense pas qu’il faille en arriver là ».

Et pan sur la solidarité ! Cette belle valeur humaine que nos généraux brandissent volontiers en ces temps de « guerre » vient de prendre une volée de plomb. Pour eux, la solidarité s’entend d’abord en faveur des entrepreneurs et des actionnaires, « quoi qu’il en coûte » a dit Emmanuel Macron.

Le gouvernement leur a déjà signé un premier chèque de 45 milliards d’euros afin de les « assister ». Pas question d’aller inquiéter la Bourse en remettant en cause la sacro- sainte possibilité de réduire les effectifs pour se rattraper financièrement. Il n’y aura pas de plans dits « sociaux » durant « la crise sanitaire » ont précisé les services du ministère du Travail, de la même façon que la réforme des assurances-chômage ou celle des retraites sont reportées. Oui, mais après la « crise »  ?

Ce soir-là face à Anne-Sophie Lapix, le Premier ministre n’a pas omis d’applaudir à nouveau les personnels hospitaliers qui se battent en première ligne, au risque de leur propre santé. Oui, mais après, quelle solidarité concrètement envers ces « braves » ? Les applaudissements, cela ne mange pas de pain.

« À la fin, on aura des comptes à demander » a prévenu, une heure après l’intervention d’Édouard Philippe, le chef du service des urgences de l’hôpital Avicenne à Paris. Là encore, le gouvernement peut estimer ne pas devoir en arriver à satisfaire les revendications de l’hôpital public dont la situation aggrave la « crise sanitaire ». Attention, les guerres, parfois, débouchent sur des mutineries.