CONGRÈS PCF

Fabien Roussel : « Nous avons un projet à défendre »

par FRANCK JAKUBEK
Publié le 23 novembre 2018 à 14:05 Mise à jour le 24 novembre 2018

Fabien Roussel s’apprête à prendre la tête du PCF à l’issue du congrès qui se tient ce week-end à Ivry, en région parisienne. Augmentations des salaires et des pensions, lutte contre la fraude et l’évasion fiscale et campagne pour les élections européennes seront les premiers chantiers. Depuis Maurice Thorez, ce sera la première fois qu’un Nordiste dirige le Parti communiste.

Depuis quand envisagiez-vous d’être candidat comme secrétaire national du PCF ?
Jamais je n’y aurais pensé. J’avais proposé à Pierre Laurent, il y a plus d’un an et demi, d’autres camarades qui auraient pu remplir cette mission. Il nous fallait montrer du changement.
Des secrétaires fédéraux, des camarades m’ont sollicité et m’ont presque décidé d’y aller à l’insu de mon plein gré. A un moment donné, j’ai dû dire oui. Quand vous vous battez pour que ça change et que ça bouge à l’intérieur de votre propre parti, vous êtes obligé de répondre présent face cette responsabilité.

Comment envisagez vous ce changement ?
Notre première mission est de respecter les orientations décidées ce week-end et d’être en capacité de mettre en œuvre les décisions issues du congrès. Le texte de base commune a été énormément débattu. Il y a eu plus de trois mille amendements présentés. Le texte ne sera pas le même qu’au début et c’est une bonne chose. Il est amélioré, affiné, sans dénaturer ses grandes lignes. Nous aurons pour mission de respecter les choix et de les mettre en œuvre.

Justement, c’est la première fois qu’un texte alternatif est choisi comme base commune...
C’est le signe d’une démocratie bien vivante chez les communistes. Nous sortirons encore plus combatifs que jamais de ce congrès. Toujours unis et prêts à lancer une grande campagne pour le pouvoir d’achat, pour l’augmentation du SMIC, des pensions et des retraites, contre l’évasion fiscale et enclencher la campagne pour les élections européennes avec Ian Brossat.

Le mécontentement contre le gouvernement actuel va grandissant. Spontanés ou organisés, comment voyez-vous les mouvements en cours ? Ils sont le reflet d’une vraie colère populaire. Cols bleus, gilets jaunes, blouses blanches ou robes noires, partout il y a l’exigence d’un meilleur pouvoir d’achat et d’un service public efficace et humain. C’est ce qui ressort de tous les mouvements actuels, syndicaux ou spontanés. De la lutte des salariés à l’hôpital de Douai, de celle des avocats, des ouvriers pour préserver leur outil de travail, des enseignants, etc.

Vous êtes attaché à l’unité des communistes. Comment l’entretenir et la préserver ?
Ce sont les communistes qui l’exigent. Il est primordial de travailler en commun. Notre tâche immédiate est de mener campagne pour les européennes. Avec Ian Brossat, nous allons travailler à constituer un comité de campagne et bâtir une liste large et ouverte.

« Notre originalité est celle d’un espoir à gauche »

Le PCF n’est pas toujours visible dans le paysage médiatique. Comment revendiquer plus d’espace, de visibilité ?
Nous sommes avant tout une force politique car nous avons un projet à défendre. Nous avons vocation à participer aux débats et investir toutes les questions avec nos propositions. A chaque échéance nationale nous devons être présents pour pouvoir défendre nos propositions. Notre originalité est celle d’un espoir à gauche. La lutte des classes existe et nous menons le combat.

Avant chaque élection, vous êtes systématiquement sollicité sur la question des alliances. Qu’avez-vous envie de répondre à ce sujet ?
La vraie question à l’ordre du jour, c’est d’abord de déterminer quelles idées, quelles propositions il s’agit de proposer et de mettre en œuvre. A chaque élection, les enjeux sont différents, les contextes et les modes de scrutin changent. Ce n’est pas la même chose de choisir un président et de choisir un maire. Là, concrètement, il y a besoin du rassemblement le plus large possible pour répondre efficacement aux besoins de la population de la commune. Impossible de plaquer des réponses toutes faites, car les attentes sont différentes à Dunkerque et Mortagne-du-Nord.

Quels sont les premiers chantiers auxquels s’attaquerait le PCF s’il était au pouvoir ? A quoi ressemblerait la France si vos propositions étaient appliquées ?
D’abord rétablir un impôt plus juste. Les multinationales et les plus riches seraient sollicités pour remplir les caisses de l’État. Les premières mesures seraient de mettre fin à la fraude fiscale. Sans recettes, comment voulez-vous organiser la vie publique ? Ces recettes nouvelles permettraient d’envisager une gestion rigoureuse des dépenses publiques, comme le serinent les libéraux. Mais au service des citoyens, pas des intérêts privés.
Nous pourrions envisager des dépenses nouvelles en terme de santé, de logement, d’éducation. Et engager une révolution écologique pour répondre au défi climatique.

Quelles seraient les premières mesures sociales ?
C’est l’autre sujet principal, toujours, le pouvoir d’achat, que nous devons traiter. Les discussions doivent être ouvertes avec les partenaires sociaux pour augmenter le SMIC, les salaires, les retraites et les pensions, de cent cinquante à deux cents euros au minimum. Et annuler notamment la hausse de la CSG. L’activité doit être relancée par la consommation.

Vous étiez le premier secrétaire de la fédération du Nord, la deuxième de France en nombre d’adhérents. Comment va s’organiser votre succession ?
C’est prévu. Au lendemain du congrès national, nous aurons une discussion avec la nouvelle direction élue lors de la conférence fédérale à Hellemmes et les communistes du Nord. Et tout sera fait pour tout se passe bien. Nous sommes une fédération qui a l’habitude du changement.