Face aux vents contraires…

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 24 décembre 2020 à 10:55 Mise à jour le 23 décembre 2020

Depuis le début de l’année 2020, nous sommes soumis à la terrible épreuve de la Covid-19. Elle a bousculé nos vies. Elle a infligé des douleurs indicibles à celles et ceux qui ont perdu un être cher. Elle demeure une grande source d’inquiétude pour tous. Aux méfaits sanitaires de la pandémie se sont vite ajoutées des difficultés financières générées par les confinements, en particulier celui du printemps, avec la cessation brutale d’une grande partie des activités. En dix mois, notre pays a perdu 800 000 emplois officiellement déclarés. Cette situation inédite a frappé durement les salariés précaires, les saisonniers, le monde de la culture et du spectacle ou les petits commerces déclarés « non essentiels  ». Cela paraît inimaginable dans notre pays occupant le rang de sixième puissance mondiale, mais nous avons vu pointer le spectre de la faim. Les associations caritatives locales et les services sociaux des collectivités territoriales épaulés par les élus locaux ont accompli un travail remarquable pour empêcher ce fléau d’un autre âge. « On n’a jamais vu une crise aussi inégalitaire » a alerté Mme Boone, la cheffe économiste de l’OCDE devant les députés. Elle a ajouté : « Non seulement le Covid affecte les personnes qui vivent dans de mauvaises conditions, qui font des métiers difficiles, qui doivent prendre les transports en commun, mais les secteurs qui sont touchés le plus, ce sont ceux qui concentrent le plus de jeunes, de moins qualifiés, et de contrats précaires. » Et de conclure : « Si l’économie française devrait effacer la crise du Covid-19 d’ici l’été 2022, selon l’OCDE, la situation sociale de l’hexagone sera “pire” qu’avant la pandémie. » Inversement, la réponse des banques centrales et des grandes puissances face à la crise a dopé la Bourse, enrichissant ainsi massivement les personnes aisées a expliqué Mme Boone. Le président de la République et son gouvernement restent sourds à ces alertes. Ils s’enferrent dans leurs choix discriminants en faveur des « premiers de cordée  » au détriment des « premiers de corvée ». À ces catégories de travailleurs, il a refusé un coup de pouce au Smic qui aurait permis d’améliorer durablement leurs revenus. Et que penser d’un pouvoir qui refuse aux personnels hospitaliers les moyens conséquents d’exercer leur métier alors qu’ils ont montré à quel point ils sont indispensables ? D’un gouvernement qui accepte sans broncher qu’au cours de l’année « un jeune sur six ait arrêté ses études, 30 % aient renoncé à l’accès aux soins, plus de 50 % soient inquiets pour leur santé mentale » comme le révèle l’enquête conduite par les députées Marie-George Buffet (PCF) et Sandrine Mörch (LREM) ? Cette crise sanitaire, économique et humanitaire est loin d’être close. Les situations inégalitaires qu’elle révèle, les craintes qu’elle inspire, les lendemains quelle annonce, tout cela inquiète. Cette nouvelle crise porte en elle l’orage. Il revient aux progressistes d’ouvrir une éclaircie dans ce ciel menaçant. De grands élans de solidarité se sont déployés spontanément de la part des gens simples, ou de manière plus organisée par leurs associations, partout où s’est manifesté le besoin d’entraide. Cette capacité à donner de soi des citoyens est une force sur laquelle toute action d’envergure peut s’appuyer. Nous vous souhaitons de bonnes fêtes de Noël et du Nouvel An. Nous mesurons ce qu’il peut y avoir de singulier à faire un tel vœu dans les moments troublés que nous vivons. Et pourtant, nous devons tenter d’agir contre ces vents contraires.