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39e congrès du PCF

Ils ont signé le texte « Urgence de communisme »

Publié le 6 janvier 2023 à 12:19

Jean Quétier > Chercheur en philosophie, auteur de la thèse Théoriser le communisme dans les organisations ouvrières : le travail de parti de Karl Marx.

La force de notre parti réside à mes yeux dans sa capacité à jouer le rôle de laboratoire d’idées capable d’ancrer la visée communiste au cœur du mouvement populaire tel qu’il est, avec ses dynamiques et ses contradictions. Le texte « Urgence de communisme » me semble poser des jalons permettant de travailler en ce sens. Il entend ouvrir un chemin susceptible de nous prémunir de deux écueils stratégiques majeurs face auxquels il convient de faire preuve de vigilance : le populisme et le sectarisme. Mais il a surtout le mérite de poser clairement la question du communisme comme un enjeu du présent, articulée à des pratiques concrètes, plutôt que de la renvoyer à un avenir lointain.

Bernard Friot > Sociologue et économiste, auteur de l’ouvrage Un désir de communisme.

Je suis émerveillé de la capacité qu’ont eue les communistes de contribuer aux conquis du statut de la fonction publique, de la nationalisation d’EDF-GDF et du régime général de Sécurité sociale en 1946, et dans les années 60 de la production de soins de santé sans appel au capital grâce à la hausse de la partie socialisée du salaire. Actualisons ce déjà-là communiste, généralisons-le : remplacement de l’avance en capital par l’avance en salaire pour mettre en sécurité sociale toutes les productions, propriété d’usage par les seuls travailleurs de tous les outils de travail, enrichissement de la citoyenneté par attribution à tous les majeurs du salaire comme droit politique de décision sur la production.
© Y.Petit/Wikimedia commons CC-BY-3.0
Françoise Davisse > Réalisatrice de Comme des lions sur la lutte des ouvriers de PSA et de la série documentaire Histoire d’une Nation.

Je pense à mes amis militants du PCF qui se sentent regonflés par les bons mots de sa direction, moi qui, comme communiste, y entend le bruit d’une impasse fondamentale. Nous partageons la même inquiétude face au chaos dans lequel le capitalisme plonge notre monde. Nous partageons le même manque de réponse collective à la hauteur. Quand même, le fascisme est aux portes du pouvoir en France. Il tue déjà. Il avance partout dans le monde, de l’impérialisme de Poutine en Ukraine à l’extrême-droite en Israël. Aujourd’hui, l’internationalisme des peuples demande autre chose que des punchlines douteuses. Être fier de son parti, de sa patrie ou de la répartie de son chef, cela suffit peut-être pour voguer d’une campagne électorale à l’autre. La Ve République nous a enfermés là-dedans. Mais l’abstention et les résultats du camp de la transformation sociale, au plus bas, le montrent : il ne suffit pas de promettre les jours heureux pour qu’ils adviennent. Quand même, les maîtres du capital sont au combat. Des vociférations contre le Nobel d’Annie Ernaux aux violences policières dans les quartiers, des répressions des Gilets jaunes et des grévistes aux atteintes à la liberté d’expression, la riposte est sans limites. Devant ce mur, être communiste, c’est se passionner pour sa classe, ses prises de paroles, ses actions, être utile pour les luttes, les solidarités, le quotidien, permettre d’élire des représentants de ces combats aux élections. C’est faire front commun, écouter, agir, penser, relier ceux des quartiers et ceux des campagnes, unir. Quand même, s’il reste une chance, juste une, que le Parti communiste serve à bâtir le communisme, ça devrait être une base de discussion, non ?
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Françoise Fiter > Conseillère départementale PCF des Pyrénées orientales.

J’ai signé le texte « Urgence de communisme » car il faut, lors du Congrès, prendre toute la mesure du danger de l’extrême-droite, de sa banalisation, de la normalisation de la présence de ses élus. C’est une réalité que nous vivons dans le 66, avec quatre députés RN et Aliot maire de Perpignan. Il imprègne la ville de son idéologie sécuritaire et identitaire, nomme une esplanade Pierre-Sergent, figure de l’OAS, s’assied sur les décisions de justice qui lui donnent tort quand il empêche le Département de créer un lieu d’accueil pour les mineurs non accompagnés ou qu’il installe la crèche de Noël dans la mairie. Et il y a peu d’opposition, en dehors des milieux militants de gauche. La récente élection d’Aliot au Conseil départemental du 66 révèle d’ailleurs que la mobilisation contre l’extrême-droite n’a pas eu lieu ! Analyser tous ces aspects pour construire très vite une riposte efficace et rassembleuse est vital.
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