JC Lother
Corinne Masiero

« Je veux une culture bio ! »

par Philippe Allienne
Publié le 23 mars 2021 à 16:56 Mise à jour le 23 avril 2021

La prestation de la comédienne Corinne Masiero, apparaissant nue et couverte de faux sang lors de la retransmission télévisée de la 45ème cérémonie des César, le 12 mars, n’a sans doute pas fini de faire parler. D’autant que des députés LR ont déposé plainte devant la procureure de la République, au tribunal judiciaire de Paris. L’artiste n’en a que faire. Elle est mobilisée au sein de la coordination des interluttants 59/62 et court de réunion en réunion, d’assemblée générale en assemblée générale. Depuis le théâtre Sébastopol de Lille, occupé par les artistes, elle explique que son objectif était de déranger. Quant aux propos de la ministre Roselyne Bachelot : « Je ne les ai pas lus. De toute façon, regrette-t-elle, je ne l’ai même pas vue lorsque je suis redescendue dans la salle, à l’Olympia. Si elle avait quelque chose à me reprocher, elle pouvait venir me le dire en personne. » Mais la ministre a préféré se faire discrète et s’exprimer dans les médias. Normal, estime Corinne Masiero, pour un gouvernement qui ne fait que de la communication au lieu de proposer des solutions aux artistes et de mettre en œuvre une politique culturelle. « Tout se décide par le haut et redescend du sommet de la pyramide ! » Pour le reste, elle ne comprend pas l’attitude du gouvernement qui refuse de rouvrir les salles alors que les transports en commun fonctionnent. Au-delà de la mobilisation actuelle, elle estime nécessaire de créer un nouveau système pour le spectacle vivant et que les petites compagnies n’aient plus à aller quémander auprès de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). « Elles ne récoltent que des miettes alors que les grandes structures reçoivent des budgets démentiels. » La comédienne dénonce ainsi le mépris pour la culture populaire. « Il faut recréer de l’éducation populaire. La lutte des classes dans la culture est une réalité. Moi, je plaide pour de la culture bio, c’est-à-dire une culture délivrée des contraintes d’argent et, pour ce qui concerne la production télévisuelle, une culture libérée de la dépendance à l’audimat. » Rien à voir avec une sélection des uns contre les autres, au contraire. « Tous les genres se valent, mais certains sont mieux financés que d’autres. Et ce sont toujours les mêmes. Je réclame un rééquilibrage. » Sans oublier la base : « la culture doit être accessible à toutes et à tous. »