Ce cheminot de 53 ans est non seulement le principal contradicteur du maire de Pernes-en-Artois, mais aussi l’une des figures de proue de l’opposition à la députée LREM Brigitte Bourguignon dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais. En 2017, Jérôme Jossien est de l’aventure de Génération.s fondé par Benoît Hamon dans la foulée d’une présidentielle malheureuse. « Membre du Parti socialiste depuis 2003, je me suis toujours revendiqué de son aile gauche, pas social-démocrate. Lors de cette présidentielle, je me suis fâché avec la plupart des membres de la section du PS de Pernes, qui soutenaient Macron », commente Jérôme Jossien déjà largement échaudé par le quinquennat Hollande et sa politique anti ouvrière. « Depuis le départ de Benoît Hamon, à Génération.s c’est la débandade. Le parachutage de Benjamin Lucas, son dirigeant actuel, dans les Yvelines où il sera élu député en juin, m’a consterné. Je ne supporte pas l’opportunisme », poursuit celui qui dénonce tout autant le rapprochement de Génération.s avec « les ayatollahs verts d’ELLV ».
« Communiste sans le savoir ? »
En juillet dernier, il arrête d’y payer ses cotisations et accepte la main tendue du PCF « dont je partage les valeurs ». D’autant qu’à deux reprises en 2021, lors d’une législative partielle, puis en 2022, il a formé avec la communiste Patricia Duvieubourg le duo de choc parti à l’assaut de la citadelle Bourguignon. Sans succès, mais peu importe : « Durant des mois, j’ai appris à connaître les militants communistes, de bons camarades avec qui des liens d’amitiés se sont noués. » Ce ralliement serait-il le fruit d’une droitisation du PCF ou d’une gauchisation de Jérôme Jossien ? « Un peu les deux, sourit-il. Le PCF n’est plus celui de Georges Marchais. Il ne prône plus la « grande Révolution ». Il a su adapter son programme pour être un parti de gouvernement. Quant à moi, j’ai gauchisé mon discours sur le partage du travail et le pouvoir d’achat. » Aurait-il pu rejoindre la France insoumise ? « Pas question. Pour moi, Mélenchon est un traitre et un opportuniste. Il a été ministre, mangé dans la gamelle et du jour au lendemain, il a voulu être le calife à la place du calife. Et je n’aime guère ses outrances verbales et son égocentrisme », répond-il. « J’ai milité treize mois à ses côtés. Jérôme s’est rendu compte que nos militants étaient unis et se battaient réellement en fonction de leurs convictions. Ses idées étaient proches des nôtres. Peut-être était-il communiste sans le savoir ? » s’amuse Patricia Duvieubourg. Jérôme Jossien a intégré la section du PCF du Ternois. Il serait prêt à faire sa première adhésion en la personne de... sa femme Virginie !
