Lille Sud, un nouveau point de rendez-vous. © Marc Dubois
On ne lâche rien !

Jeudi 10 novembre, nouvelle journée de revendication interprofessionnelle

par JEAN-LOUIS BOUZIN
Publié le 28 octobre 2022 à 12:48

Ce jeudi encore, les voix de manifestants salariés, retraités ou sans-emploi, se sont faites entendre, dans les Hauts de France comme ailleurs. Au centre des revendications : le pouvoir d’achat avec la nécessité d’indexer sur l’inflation tous les salaires et pensions, d’augmenter Smic et de revaloriser le point d’indice des fonctionnaires. Des arrêts de travail ont également marqué cette journée nationale d’action interprofessionnelle public-privé lancée par la CGT qui sera suivie d’une autre le 10 novembre prochain. Pourraient s’y joindre Solidaires et la FSU, mais aussi, par exemple, UNSA et FO dans les transports parisiens. Ainsi, la mobilisation pourrait-elle rebondir fortement ce jour-là, d’autant qu’aux questions de pouvoir d’achat, vient s’ajouter un projet de réforme des retraites inique qui fait l’unanimité contre lui mais qu’Emmanuel Macron persiste à vouloir imposer. « On ne veut pas lâcher  », a affirmé la secrétaire confédérale de la CGT Céline Verzeletti, estimant ces appels à l’action « en phase avec les attentes des salariés ».

Les primes ne peuvent remplacer les augmentations de salaire

Selon les données, on ne peut plus officielles, de la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES), l’inflation est en train de faire reculer fortement le salaire de base de toutes les catégories socio-professionnelles. Les salaires décrochent de 2,3 % pour les employés, de 2,7 % pour les ouvriers, de 3,6 % pour les professions intermédiaires et de 3,7 % pour les cadres. Du côté du public, la récente hausse de 3,5 % annoncée par le gouvernement ne suffit même pas à rattraper les 6,1 % d’inflation annuelle. Cette « augmentation » masque en réalité une baisse de pouvoir d’achat de 2,6 %. Mis sous pression par les attentes qui se font jour, et craignant que le mouvements ne prenne tôt ou tard de l’ampleur, gouvernement et patronat ont pris le parti d’essayer de «  calmer le jeu  » notamment en annonçant le versement de primes diverses (primes de partage de la valeur, de transport, de mobilité durable…) plutôt que des augmentations générales de salaires. Ce dont la CGT, mais pas qu’elle, ne peut se satisfaire pour la raison évidente que les primes ne sont pas comptabilisées pour les indemnités journalières maladie, accident du travail ou congé maternité, pas plus qu’elles ne comptent pour le calcul de la retraite. Défiscalisées, elles ne servent pas non plus à financer le budget de l’Etat et donc l’éducation, la santé, les transports… En un mot, même si tout est bon à prendre, chaque salarié est conscient qu’une prime individuelle (qui n’est versée qu’une fois) ne peut remplacer une augmentation générale des salaires réels (qui, elle, revient chaque mois). Que le Smic soit porté à 2000 euros, les petits et moyens salaires revalorisés et que tous les salaires suivent au moins l’augmentation des prix, sans oublier les retraites insuffisamment revalorisées, constituent des revendications non seulement justifiées mais réalisables quand l’on regarde les marges et autres progressions record de chiffres d’affaires de nombreuses entreprises, en dépit de la « crise ». Sans compter les augmentations faramineuses que s’octroient certains grands patrons sur des salaires déjà astronomiques.