© Jacques Kmieciak

L’année 2022 dans le rétro

(partie II)

Publié le 6 janvier 2023 à 15:32

Nous poursuivons notre revue des principaux événements survenus au cours du second semestre 2022.

  • Juillet

C’est des États-Unis que nous parvient le premier coup de tonnerre de cet été : la Cour suprême a annulé l’arrêt « Roe v. Wade » qui garantissait aux femmes un droit fédéral à l’avortement. On s’interroge sur les retombées de cette décision aux USA et en dehors. En France, sur les bancs du Sénat, la sénarice communiste du Nord Michelle Gréaume crie sa colère et rappelle que la vigilance doit être constante. Notre chroniqueuse santé Lydie Lymer souligne que 47 000 femmes meurent chaque année dans le monde des suites d’un avortement clandestin.

En juillet, les États-Unis remettent en cause le droit à l’avortement, relançant le débat en France. Photo d’illustration/2018
© Jeanne Menjoulet/ Flickr CC-BY 2.0

En France, au lendemain des élections législatives, Fabien Roussel ne laisse décidément personne indifférent. Après avoir été reçu, comme d’autres, par le président Macron, le voilà soupçonné de vouloir participer à un gouvernement d’union nationale. Il dément fermement dans les colonnes de Liberté Hebdo et resitue ses propos dans leur contexte. « Nous n’avons jamais participé à des gouvernements qui ont desservi la classe ouvrière », insiste-t-il. Il souhaite par ailleurs un débat clair au sein de la Nupes. Nommée Première ministre, Élisabeth Borne forme son gouvernement. Parmi ceux qui entrent : Olivier Klein, le maire de Clichy-sous-Bois est nommé ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, et François Braun devient ministre de la Santé et de la Prévention. On citera aussi Pap Ndiaye qui, à l’Education nationale et à la Jeunesse, remplace Jean-Michel Blanquer. Dans les Hauts-de-France, le président de Région Xavier Bertrand se fâche à nouveau contre la SNCF et refuse de payer les arriérés qui lui sont dus. La CGT dénonce une « posture médiatique » et lui demande de renoncer à la mise en concurrence généralisée. Toujours dans les transports ferroviaires, mais dans le Douaisis, un collectif de citoyens s’inquiète pour l’avenir de la ligne TER Douai-Cambrai. À Douvrin, Stellantis (ex-Française de Mécanique) renonce à produire le nouveau moteur EB Gen 3. Le démarrage était prévu pour fin 2023. L’industriel dit vouloir reclasser les salariés (1 400 à ce jour) chez Automotive Cells Company, une unité voisine de batteries électriques dont il est actionnaire.

Les six exilés qui dénonçaient les conditions de leur expulsion par la Ville de Grande-Synthe perdent leur procès. Photo d’illustration/2018
© Christophe Forestier

Le tribunal de Dunkerque, saisi par six personnes exilées sur les conditions de leur expulsion du camp de Grande-Synthe, a rendu sa décision le 12 juillet. Les plaignants, qui poursuivaient la Ville de Grande-Synthe, n’obtiennent pas gain de cause. Victoire des urgentistes de Boulogne-sur-mer. Après un mouvement de grève le 12 juillet, à l’appel de la CGT, le personnel soignant des urgences obtient le lendemain plusieurs engagements de la direction de l’hôpital : remplacement des arrêts longs, embauche d’un nouvel intendant, création d’un poste d’infirmière de jour. De façon plus générale, l’été n’empêche pas les luttes sociales. Chez Alstom par exemple, dans le Valenciennois, les syndicats de la branche transport réclament une réouverture des négociations salariales et se préparent pour la rentrée. À Hellemmes, près de Lille, les salariés de l’entreprise de nettoyage Elior Services sont en grève et réclament une hausse des effectifs.

Les luttes sociales se poursuivent durant l’été, notamment chez Alstom et Elior Services.
© DR

Encore un débat qui fiche la pagaille à gauche. Peut-on critiquer la politique israélienne ? Cette fois, c’est une proposition de résolution condamnant l’institutionnalisation par Israël d’un « régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien » qui met le feu aux poudres. Il est porté par le député communiste Jean-Paul Lecoq, vice-président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale. Il argumente sa position dans les colonnes de Liberté Hebdo et en appelle à une « intervention courageuse des acteurs politiques internationaux vis-à-vis d’Israël ». En ce cœur de l’été, l’aide sociale à l’enfance refait l’actualité. Les acteurs de la protection de l’enfance dénoncent le Conseil départemental du Nord, leur employeur, pour « maltraitance institutionnelle ». Leurs mauvaises conditions de travail ont des répercussions graves sur les enfants qu’ils accompagnent.

  • Août

La rentrée des communistes du Nord, c’est le 25 août à Malo-les-Bains (Dunkerque). Devant un public très nombreux pour cette 32e journée à la mer (car il y aussi la détente et le droit au repos), la secrétaire de la fédération, Karine Trottein, convoque la mémoire de Nelson Mandela pour appeler à promouvoir « une culture de paix » et le respect du droit international. Pour sa part, le secrétaire national, Fabien Roussel, remet le couvert du « roussellement » contre le « ruissellement » d’Emmanuel Macron. Sa définition du roussellement : « Donner de l’argent aux travailleurs et aux retraités pour que cela ruisselle sur toute l’économie du pays. » De nombreux élus et syndicalistes, notamment ceux de TotalEnergies, sont présents à la tribune.

L’urgence climatique et la santé publique sont, outre la rentrée sociale qui se peaufine, les thèmes importants de cet été. Liberté Hebdo s’interroge sur l’impact de l’activité humaine sur l’émergence de nouvelles maladies. Sous la plume de Lydie Lymer, il offre une information exclusive : le ralentissement de la production de plastique risque de provoquer un rationnement des flacons de prélèvement et de se répercuter sur les analyses de sang ou d’urine.

  • Septembre

La rentrée scolaire s’annonce difficile avec un sous-effectif important des enseignants. C’est au point que des « jobs dating » ont été organisés dès juin. Ils étaient ouverts aux personnes titulaires d’une licence, quelle qu’elle soit. 3 000 contractuels ont ainsi été embauché en France avec une formation ultra courte. Plus tard, le ministre de l’Éducation nationale annoncera un total de 4 500 contractuels supplémentaires pour jurer que la rentrée a été bonne. Démenti cinglant du Snes-FSU.

Le maire communiste de Montataire, Jean-Pierre Bosino, se fâche tout rouge contre l’augmentation aberrante des tarifs d’électricité pour les collectivités. Pour sa commune, la facture est multipliée par plus de quatre, soit un coût supplémentaire de 1,9 million d’euros. Il annonce qu’il refusera de payer et souhaite que les élus voisins se joignent à son action. À Matignon, ou plutôt sur France Inter, la Première ministre affiche son mécontentement. Le bras de fer est engagé. On verra, quelques semaines plus tard, que la question du coût de la facture énergétique se pose également cruellement dans les universités. Le 3 septembre, la braderie de Lille reprend ses droits. Fabien Roussel prend la parole sur le stand du PCF et invoque à sa manière la mort de Gorbatchev : « On peut pleurer sur la mort de Gorbatchev et la disparition du mur de Berlin, mais je peux vous dire que le mur du capitalisme est encore là devant nous (…). Celui-là pour l’abattre, il va falloir du monde. Et ce n’est pas forcément à l’Assemblée nationale qu’on va pouvoir en faire tomber les briques. » Une allusion directe à l’alliance objective des macronistes, de la droite et de l’extrême droite.

La Fête de l’Humanité se déroule pour la première fois à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne. 320 000 visiteurs s’y rendent. Parmi eux, de belles représentations des fédérations communistes des Hauts-de-France. Parmi les faits marquants : les propos de Fabien Roussel défendant un travail pour tous et contre la dépendance pérenne aux aides et autres allocations. Les spécialistes de la mauvaise foi (au sein même de la Nupes) ne se gênent pas pour faire dire au secrétaire national ce qu’il n’a pas dit. Les prochains mois promettent du sport.

Fin septembre, Thierry Siwik (CGT) réagit suite à l’annonce de la liquidation judiciaire de l’entreprise Camaïeu.
© Nadia Daki

Septembre s’achève sur une journée importante pour la rentrée sociale : celle du jeudi 29 pour défendre le pouvoir d’achat. Des milliers de personnes descendent dans la rue à Lille et dans de nombreuses villes de la région. La veille, Camaïeu venait d’être liquidée laissant 2 600 personnes sur le carreau. Celio rachètera la marque début décembre.

  • Octobre

Voici venu le temps des briseurs de grèves et du 49.3. Ainsi pourrait-on décrire ce mois d’octobre qui voit la grève des salariés des raffineries, et du dépôt de Flandre de Mardyck (TotalEnergies), violée avec la réquisition ordonnée par l’État. À Mardyck, la CGT demeure cependant ferme en maintenant ses revendications salariales (+10 %), un dégel des embauches, un plan d’investissement massif. Quant au 49.3 brandi comme une menace par le gouvernement, il ne va pas tarder à être effectivement utilisé, le 19 octobre, pour faire passer le budget. Élisabeth Borne va y faire appel à dix reprises.

En octobre, une grande mobilisation s’organise à Maubeuge pour sauver l’hôpital public.
© DR

Sur le plan social, cela bouge aussi dans le domaine de la santé (avec notamment une grande manifestation à Maubeuge pour sauver l’hôpital public et pour une offre de santé digne), de l’énergie toujours avec une grève à la centrale nucléaire de Gravelines pour une augmentation de salaire de 5 %, de l’enseignement (avec une grève de l’enseignement professionnel le 18 octobre). Les manifestations interprofessionnelles se poursuivent.

  • Novembre

Alexandre Basquin, le nouveau président de l’Association départementale des élus communistes et républicains du Nord (Adecr 59) affirme son intention de lutter contre la perte d’autonomie financière des collectivités locales. Accompagné du syndicat de la magistrature et du syndicat des avocats de France, le syndicat SUD des personnels du Département du Nord alerte à nouveau sur la situation de la prévention et de la protection de l’enfance dans le département. Dans une tribune, ils soulignent qu’un millier d’enfants ne sont pas placés ou sont mal placés faute de moyens suffisants. La conseillère départementale Michelle Gréaume a par ailleurs interpellé le président Christian Poiret devant l’assemblée départementale. À la Région des Hauts-de-France, l’exécutif apprécie de moins en moins l’opposition des élus de la Nupes à l’ouverture à la concurrence des TER. Ces élus rappellent leur position dans une conférence de presse en marge de la séance du Conseil régional du 17 novembre.

Héloïse Dhalluin, conseillère régionale PCF, rappelle l’opposition des élus de la Nupes à l’ouverture à la concurrence des TER.
© Ph A
  • Décembre

Le Conseil national du PCF adopte, le 4 décembre, la proposition d’une base commune en vue du 39e congrès. Le volet social, en cette fin d’année, met en avant les revendications - toujours pas satisfaites - des pompiers du Sdis 59 qui réclament des effectifs et de meilleures conditions de travail. Également à signaler, la mobilisation des urgentistes au Centre hospitalier de Calais mais aussi à Arras. Les personnes pauvres et précaires subissent deux attaques de poids en cette fin d’année. La proposition de loi dite « anti-squat » portée par le député Guillaume Kasbarian (Renaissance) s’en prend aux locataires. De son côté, le ministère du Travail veut réduire de 40 % la durée de couverture d’un salarié au chômage. Devant le tollé suscité, Élisabeth Borne fera du rétropédalage début janvier.