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Haubourdin

L’esprit de résistance est dans Beaupré

par MARC DUBOIS
Publié le 10 décembre 2021 à 17:53 Mise à jour le 15 décembre 2021

Ce 8 décembre, on a vécu un moment rare, un passage de témoin porteur d’espoir, à l’occasion de l’inauguration au lycée Beaupré de l’Auditorium Pierre Charret.

« Bien souvent pour les élèves, la Seconde Guerre mondiale, la Résistance, le général de Gaulle, Jean Moulin, évoquent des parties du programme d’histoire, des images et des documentaires en noir et blanc. Et puis un jour, au lycée, on a la possibilité de préparer une rencontre avec des personnes qui ont vécu cette terrible période : des résistants. Rencontrer Yvonne Abbas, Guy Béziade, Michel Defrance… vous retrouver aujourd’hui monsieur Pierre Charret, c’est une véritable chance », dira Amel Soufi Merzoug, au nom de ses camarades, lors de la cérémonie d’inauguration de l’« Auditorium Pierre Charret » au lycée Beaupré ce mercredi 8 décembre. Suggéré il y a quelques années par Madame de Paris, proviseure, repris par Madame Kissani, sa successeure, travaillé avec les enseignantes et enseignants [1], le projet d’un hommage au résistant s’est enfin concrétisé. Pierre Charret, 96 ans, revenait de nouveau à Haubourdin où, au-delà de l’hommage, on mesurait quels liens forts s’étaient tissés ici, comment le témoin de la Résistance était bel et bien passé en de bonnes mains. Les lycéens l’ont illustré de façon remarquable dans leur exposition, travail d’expression libre réalisé sur la Résistance et l’engagement. Également, avec les moyens d’aujourd’hui, sur l’antenne du lycée avec Radio Campus, puis dans le « flash-info » télévisé sur la vie et l’engagement de Pierre Charret [2], animés par Pierre-Alexandre Dumoulin, plein de maîtrise. Émissions et allocutions ponctuées de l’interprétation sensible, au piano, de la chanson de Barbara, Gottingen, par Lysa Grison, et d’un prenant Chant des partisans, chanté par Maxence Berche [3].

La Résistance toujours d’actualité

« En intervenant à plusieurs reprises au lycée Beaupré, Pierre Charret n’a pas seulement raconté des anecdotes (et) enseigné la Résistance (… ), inculqué ses valeurs à nos élèves : il leur a donné un regard à porter sur le XXe et le XXIe siècles » expliquent les enseignants. « Certes il n’est plus question d’occupation étrangère mais (…) les valeurs de la Résistance - consignées dans le programme du CNR - et plus largement les valeurs de la République, sont menacées. » L’hommage à Pierre Charret, c’est aussi celui rendu aux compagnons qui ont longtemps témoigné avec lui, évoqués par Amel, et l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (Anacr) dans les écoles, collèges et lycées. « Vous, résistants, avez contribué à ce projet formidable de conquêtes économiques et sociales, traduit dans le programme du CNR et dès la Libération par des réformes dont nous mesurons encore les effets. Vous nous mandatez pour préserver l’héritage de cette Résistance aux mille visages… Face à la présence constante d’idées immondes qui défigurent l’humanité et se nourrissent de la misère sociale, nous resterons vigilants et actifs » a promis Colette Becquet, présidente du comité lillois de l’Anacr, en conclusion d’un moment fort, encourageant, qui fait espérer.

Contribuer à une éducation de la paix Pierre Charret était lycéen, il avait 17 ans quand il s’est engagé en Résistance dans le Limousin, en 1943. « Dans la Résistance, nous avions appris la solidarité, le refus du racisme, la fraternité et la solidarité, côté à côte, croyants et non croyants, français et étrangers de multiples nationalités », a-t-il rappelé mercredi. « Nous pensions en avoir fini avec l’idéologie nazie, le racisme, les entreprises d’asservissement. Cette négation de l’humanité, cette haine entre les peuples. Or, l’ONU n’a pas les moyens d’arrêter les conflits, la course aux armements… On déchante aujourd’hui. » « Persuadés que l’avenir de l’humanité exige la Paix et une coopération véritable entre les Nations et les peuples, nous nous efforçons de contribuer à une éducation à la Paix qui commence par la connaissance de l’histoire et particulièrement cette période noire que nous avons vécue. C’est pourquoi nous témoignons, confortés par le soutien des enseignants et l’écoute des élèves. »
Les élèves ont raconté l’engagement de Pierre Charret sur l’antenne du lycée, avec l’aide de Radio Campus.
© Marc Dubois
Cette France d’Aragon Les paroles prononcées lors de cette journée du 8 décembre, au lycée Beaupré, prennent une résonance toute particulière dans le climat lourd que nous vivons, avec la remontée des idées d’extrême droite. Impressionnée par la lucidité des jeunes et par l’espoir qu’ils ouvrent pour l’avenir, Colette Becquet, présidente du comité lillois de l’Anacr, a rappelé les valeurs fortes qui ont soutenu l’engagement de Pierre Charret et de la Résistance. « Face à la présence constante d’idées immondes qui défigurent l’humanité et se nourrissent de la misère sociale, nous resterons vigilants et actifs » a-t-elle notamment conclu avant l’indispensable raisonnement « contre le fascisme qui robotise les hommes, aliène les libertés ; contre les inégalités, les discriminations, l’exclusion qui entravent l’égalité ; contre la haine qui détruit, divise et empêche la fraternité ; et pour un monde solidaire dans lequel on construit des Droit universels, car chacun peut prétendre à des Jours heureux ». Pierre Charret n’a pas manqué d’évoquer cette « France d’Aragon, aux yeux de tourterelle… où les blés et les seigles murissent au soleil de la diversité ». Il a aussi souligné les autres combats, d’aujourd’hui, auxquels sont confronté les nouvelles générations, dont celui pour le climat et l’environnement.

Notes :

[1] Mmes & MM. Boggio, Boussemart, Deleplace, De Rouck, Fauquet.

[2] Sur amalthee.info et Instagram @amaltheelyceebeaupre.

[3] Il faut aussi citer : Sofia Benyacoub, Mathilda Blicquy, Fiona Bourel, Ilan Cosquer, Séraphin Deuzé, Nassib Ed Derbal, Axel Francomme, Mathilde Guénix, Alexia Janvier, Paul Lambray, Coleen Monnier, Julie Pambo, Coline Perier, Liam Petibon, Sébastien Raclius, Marie Thomas, Cassandra Vallart, Romain Vanwalleghem. Ainsi que les classes de terminale spécialité histoire-géo, géopolitique et sciences politiques.