© Archives départementales du Nord, Lille-France / Photographie Marc Dubois
Ivan Renar

L’homme de l’art qui aimait les gens

par Collectif
Publié le 3 juin 2022 à 13:49

« ... C’était quelqu’un que j’aimais beaucoup parce qu’on pouvait ne pas être d’accord. » Voilà un des nombreux hommages rendus à Ivan Renar, qui vient de nous quitter. Celui qui fut le dernier directeur du quotidien Liberté considérait notamment que la culture était fondamentale pour l’émancipation de toutes et de tous et n’hésitait pas à dénoncer les « experts et comptables, supérieurs, arrogants et glacés, qui parlent du coût de la culture ». Il était aussi très attaché à sa région. Les témoignages que nous publions ci-contre (parmi les très nombreux qui nous sont parvenus) montrent à quel point il a marqué son temps et ce qu’il a apporté à notre région. L’équipe de Liberté Hebdo adresse ses très sincères condoléances à son épouse Monique, à ses enfants Véronique et Frédéric, à son petit-fils et à ses proches.

Ivan

Ivan, c’est tout un pan d’une belle histoire communiste, faite de refus des injustices et de toute aliénation humaine d’où qu’elle vienne ; un fragment de cette déjà longue histoire des luttes en faveur de ceux qui n’ont rien ou presque rien alors qu’ils devraient avoir tout, le beau et le meilleur, parce qu’ils sont le sel de la terre par leur travail, leur savoir-faire, leur intelligence dont les fruits sont encore trop souvent accaparés et détournés du bien commun. Jeunes adhérents du Parti communiste français, nous avions, Chantal et moi, fait sa connaissance à la section de Roubaix ; Ivan avait déjà une solide expérience et des responsabilités. C’était la période de 68 enthousiasmante et riche de promesses ; la maison du peuple bruissait d’une incessante activité ; on y côtoyait des figures comme Gustave Ansart, Émile Duhamel, d’autres venus de la résistance comme Pierre Charret et une multitude de militantes et militants de tous âges et professions dont les visages reviennent l’un après l’autre à la mémoire. C’était comme une grande famille, avec beaucoup de fraternité et d’engagement ; beaucoup de réflexions en commun, de discussions passionnées parfois très vives. Avec Ivan, l’aventure s’est prolongée quelques années plus tard à Villeneuve d’Ascq du temps de la ville nouvelle, une campagne des municipales innovante et une passion de bâtisseurs de futur… et puis encore et toujours la culture au cœur « élitaire pour tous » comme il aimait le dire. La culture, cette vitale ambition et cette passion partagée pour laquelle il a tant et inlassablement œuvré. D’autres ont dit et diront bien mieux que je ne pourrais le faire la richesse de son parcours, la multiplicité de ses interventions, les acquis de ses combats dans toutes les sphères de la vie publique. Nous avions aussi nos différences et dans certains cas nos divergences ; l’amitié est toujours restée la plus forte avec l’idée et la perspective communiste en commun. Ivan peut reposer en paix avec l’assurance du travail accompli ; il aura pour lui tenir compagnie la brassée de citations d’auteurs dont il aimait, avec humour, fleurir ses écrits et discours et aussi notre fraternelle amitié. Monique, Véronique, Frédéric, Lucas, nous partageons votre peine.

Paul K’ROS
Lors d’un discours d’Alain Bocquet à la fête du journal à Douchy-les-Mines.
© Archives départementales du Nord, Lille-France / Photographie Marc Dubois

Nos combats pour les droits des travailleurs...

Une foisonnante histoire militante de plus d’un demi-siècle nous a liés ! J’ai le souvenir vivace de nos combats pour les droits des travailleurs, pour le développement humain, la Paix et les libertés que nous avons menés ensemble, aux côtés de Gustave Ansart, à la direction de notre fédération du Nord du Parti communiste français. Ivan y a joué un rôle de premier plan. Intellectuel, il fut un ardent défenseur de la culture pour tous. Il mena cette lutte constante en tant qu’élu, au sein des conseils municipaux de Villeneuve d’Ascq et de Lille, à l’exécutif du conseil régional en tant que vice-président, et au Parlement comme sénateur communiste durant 26 ans. Son rôle important dans l’action culturelle l’a même amené à présider l’Orchestre national de Lille et plusieurs institutions culturelles. Même si nos chemins ont pu diverger, le respect mutuel et l’amitié ont demeuré. Au moment où Ivan nous quitte, je veux le remercier pour son engagement. Je présente mes condoléances fraternelles à son épouse Monique, à sa fille Véronique, à son fils Frédéric et à toute sa famille.

Alain BOCQUET Maire de Saint-Amand-les-Eaux, député honoraire
Ivan Renar, directeur de Liberté nouvelle formule en 1990.
© Archives départementales du Nord, Lille-France / Photographie Marc Dubois

Un grand homme de culture s’est éteint

Je tiens à saluer la mémoire d’une grande figure communiste du Nord-Pas-de-Calais, d’un homme féru de culture et de savoir. Secrétaire de la fédération du Nord du PCF de 1968 à 1990, il aura été l’ardent promoteur des écoles du Parti qui ont contribué à l’émergence de nombreux dirigeants du mouvement ouvrier. Sénateur du Nord de 1985 à 2011, il aura aussi marqué la Région de son empreinte, y siégeant de sa création, en 1974, jusqu’en 2004. Il y fut vice-président en charge de la culture ; sous son impulsion, le conseil régional se sera emparé de cette compétence, dans un premier temps facultative, Ivan considérant que l’art et la culture comme l’éducation sont essentiels à l’émancipation individuelle et collective. Cette conviction chevillée au cœur et au corps, cet enseignant de formation l’aura mise en œuvre dans le cadre de l’ensemble de ses mandats, à Villeneuve d’Ascq puis à Lille, dont il a été membre des conseils municipaux. Mais également au travers de ses innombrables participations aux instances des structures culturelles, qu’il s’agisse de l’Orchestre national de Lille, qu’il aura fidèlement présidé de longues années, ou encore le Fresnoy de Tourcoing, les écoles d’art de Tourcoing et Dunkerque, Lille 3000, le Centre de formation des musiciens intervenants, l’Association française des orchestres, le Musée d’art moderne et contemporain de Villeneuve d’Ascq, le Fonds régional d’art contemporain et tant d’autres encore. Connu pour son humour, sa gentillesse et sa facilité à citer les grands poètes et écrivains, Ivan aura mené de nombreux combats avec son comparse, Jack Ralite, au sein de la commission des affaires culturelles du Sénat : liberté de création, démocratisation de la culture, promotion de l’accès à tous à l’enseignement supérieur, développement de la recherche publique, défense de l’école de la République... Il était de toutes ces luttes pour le partage des connaissances et des savoirs, l’accès aux œuvres de l’esprit pour chacune et chacun. Ivan aimait tout particulièrement citer René Char, notamment ces paroles : « C’est dans l’obscurité qu’il fait bon de croire à la lumière. » La nuit est tombée mais nous continuons de croire à la lumière, pour et avec lui. J’adresse à son épouse et ses enfants mes sincères condoléances et l’expression de toute ma sympathie en ces moments si douloureux.

Fabien ROUSSEL Député du Nord
Fête du journal à Douchy-les-Mines en 1990.
© Archives départementales du Nord, Lille-France / Photographie Marc Dubois

Un grand compagnon de route de l’Orchestre national de Lille

C’est avec une grande tristesse que l’Orchestre a appris le décès d’Ivan Renar.  Dans ses fonctions de vice-président chargé de la culture au conseil régional alors Nord-Pas-de-Calais, Ivan Renar a toujours été un grand soutien de l’Orchestre national de Lille depuis sa création. Il a été le président de l’ONL pendant 28 ans, de 1992 à 2020. Il en était depuis président d’honneur. Président de l’Association française des orchestres durant 16 ans, Ivan Renar a participé à l’évolution des grandes institutions musicales françaises. Au niveau régional et national, il s’est toujours battu comme un fervent défenseur de la politique publique de la culture, sans dogmatisme ni idéologie, en vrai républicain qu’il était. Il incarnait les valeurs d’accessibilité et de partage de l’Orchestre et aimait à répéter : « Ce n’est pas la culture qui coûte cher, c’est l’absence de culture. » Toujours attentif et engagé, Ivan Renar a accompagné l’Orchestre dans le quotidien comme dans les moments exceptionnels.  Les musiciens, le conseil d’administration et toutes les équipes de l’Orchestre national de Lille garderont un souvenir ému et reconnaissant de ce grand homme à la fois idéaliste et pragmatique, de sa bienveillance et de son humanisme, de son humour et de ses bons mots, de son amour de la musique et de son immense respect pour les artistes.  François Decoster, président de l’Orchestre depuis juin 2020 et successeur d’Ivan Renar, lui témoigne son infinie reconnaissance et sa gratitude pour tout ce qu’il a apporté à la culture, aux artistes, à ceux qui les accompagnent et qui les admirent. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses nombreux amis. 

L’Orchestre national de Lille lui a dédié ses concerts des 1er et 2 juin à Lille et lui dédiera, en région Hauts-de-France, ceux des 3 (Gravelines) et 4 juin (Aix-Noulette).

Manifestation pour la défense de l’emploi à la Lainière de Roubaix.
© Archives départementales du Nord, Lille-France / Photographie Marc Dubois

Ivan Renar n’est plus


C’est avec tristesse et émotion que nous avons appris hier le décès d’Ivan Renar à l’âge de 85 ans, après une vie d’engagement au service des autres et de l’émancipation humaine.
Responsable départemental de la fédération du Nord du Parti communiste français, secrétaire national de l’association des élus communistes et républicains, sénateur du Nord jusqu’en 2011, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais jusqu’en 2004, dont il a été vice-président à la recherche et à la culture, élu municipal à Villeneuve d’Ascq puis à Lille, Ivan Renar aura, pendant plusieurs décennies, marqué profondément la vie politique, culturelle et intellectuelle de notre région.
Adhérent très jeune au PCF en 1954, il a fait ses premières armes militantes au sein de la jeunesse communiste avant de se voir confier d’importantes responsabilités au sein de notre fédération, avec Gustave Ansart, Alain Bocquet, Albert De Bosschère.
Féru de musique, de peinture et d’art en général, Ivan Renar a très tôt placé le droit à la culture pour tous au cœur de son engagement politique. (…)
Profondément attaché à sa région, il a également été une des chevilles ouvrières de la décentralisation et de la création des régions. Il n’a eu de cesse, avec les conseillers régionaux communistes, d’exiger de l’État des moyens inégalitaires afin que le Nord-Pas-de-Calais rattrape les retards importants en matière sociale, d’éducation, de santé, de culture, de transports. Attaché à la presse écrite et au pluralisme, Ivan Renar a également été directeur politique du journal Liberté, alors quotidien, jusqu’en 1992.
Homme de conviction, homme d’engagement, Ivan Renar sera resté toute sa vie, au-delà des aléas et des déchirures de la vie politique, fidèle à ses idéaux de jeunesse et à ses valeurs humanistes.
Il manquera à tous ceux qui l’ont connu.



La fédération du Nord du PCF
Soirée électorale à France 3 Nord-Pas-de-Calais en 2007.
© Archives départementales du Nord, Lille-France / Photographie Marc Dubois

La politique au sens noble

C’est avec beaucoup de tristesse et d’émotion que j’ai appris la disparition de mon ami Ivan Renar, ancien sénateur communiste du Nord de 1985 à 2011, ancien conseiller municipal de Lille de 1995 à 2001, ancien président de nombreuses institutions culturelles, au premier rang desquelles l’Orchestre national de Lille, l’Association française des orchestres, l’École supérieure d’Art Nord-Pas-de-Calais Dunkerque-Tourcoing et l’association Lille 3000. Homme de conviction, élu de terrain, son engagement au service de la politique au sens noble du terme n’a jamais failli. Dans ses combats politiques, il est toujours resté fidèle à ses valeurs, avec une énergie et un humanisme reconnus de tous. Mélomane averti, féru de peinture, il a œuvré sans relâche pour le développement de l’art à Lille, dans la région mais aussi au niveau national, et pour que la culture parvienne jusqu’à tous et donne de l’émotion. Je garde en souvenir tant de bons moments partagés et ses nombreux combats : pour sauver le Fresnoy à Tourcoing et en faire la « Villa Médicis » du Nord, son implication au service du développement du LaM, le musée métropolitain aux collections désormais reconnues internationalement. Le tandem qu’il a formé avec Jean-Claude Casadesus a permis de faire de l’Orchestre national de Lille l’un des plus prestigieux d’Europe. En tant que président de l’association Lille 3000 jusqu’à l’automne 2021, il a largement contribué à l’essor d’une programmation culturelle populaire conjuguant exigence artistique, projets collaboratifs, participation citoyenne et sens de la fête.

Martine AUBRY Maire de Lille