DOSSIER : PRÉCARITÉ DES ÉTUDIANTS

L’ombre de la prostitution

par Justine Frémy
Publié le 22 novembre 2019 à 18:33

« Romantique, passion et pas de prêt étudiant. Sortez avec un Sugar Daddy ou Sugar Mama ». Ce slogan, c’est celui de la publicité honteuse d’un site de « rencontres » qui circulait devant les universités à Paris en 2017, incitant les étudiant(e)s à se prostituer pour financer leurs études. Auparavant, on les appelait « escort » ou « call-girl » , maintenant de sont des « sugar babies » . Comprendre de jeunes étudiant(e)s qui se font entretenir par des hommes ou femmes plus âgés et fortunés, sous couvert d’une relation « à bénéfices réciproques ».

Difficilement quantifiable car plus discrète que la prostitution de rue, la prostitution des étudiants est facilitée par le web qui permet une prise de contact quasi instantanée avec de potentiels clients. Une étude de l’université Paul-Valéry-Montpellier-III indique ainsi que 4 % des étudiants ont déjà été en situation de prostitution et 15,9 % envisageraient de le faire en cas de situation très précaire, tandis que l’université de l’Essonne estime que 2,7 % des étudiants ont déjà pratiqué un acte sexuel pour obtenir une contrepartie, financière ou sous forme de troc, contre un logement par exemple.

Bien sûr, si elle est loin de constituer la majorité des « gagne-pains » auxquels ont recours les étudiants pour financer leurs études, la prostitution est un piège qui peut vite se refermer sur des jeunes en situation de précarité. Surtout lorsqu’ils multiplient les facteurs de risques liés à leur histoire personnelle (trauma, rupture familiale, image dévalorisée...) ou à un environnement délétère (mauvaises rencontres, addictions...), comme le précise un rapport-enquête de l’Amicale du Nid publié en 2018.