Covid-19

La crise a révélé les limites d’un système de santé déconcentré

par Nassima AZIZI
Publié le 28 août 2020 à 18:39 Mise à jour le 8 septembre 2020

Après plus de 30000 décès causés par la pandémie de Covid-19,le virus a mis en lumière un grand nombre de dysfonctionnements au sein de la société française.La plus importante étant l’extrême centralisation du système de santé, dirigé par l’État et les agences sanitaires.

Voisine de l’Italie et de l’Espagne, pays largement touchés par le virus, la France a été très exposée à la maladie. Rapidement ses atouts sont devenus des faiblesses. Comme la déconcentration en matière de santé, qui est principalement régionale. Dirigée par les ARS (Agences régionales de santé), celles-ci étaient bien souvent trop éloignées des terrains touchés, les collectivités et services déconcentrés restant cantonnés aux demandes et mises en œuvre des politiques nationales dans la limite des dotations du gouvernement. Un système qui a implosé face la pandémie. Cette centralisation, qui permet un regroupement des moyens, s’est révélée inefficace face à la propagation rapide et généralisée du virus. Des arguments repris par les collectivités dans les rapports d’enquête concernant la crise sanitaire. C’est ce qui explique en partie le revirement du gouvernement qui se dit maintenant soucieux de se rapprocher des territoires pour renforcer les délégations territoriales des ARS. Il veut permettre une meilleure représentation des élus et de leurs territoires, afin qu’ils puissent « adapter les règles du Code de la santé publique ».Vécue comme une source de conflit au pic de l’épidémie, la place de l’ARS a souvent été critiquée, certains parlant même « d’irrédentisme ». Comparées à des alter ego du préfet, surfant sur le secteur sanitaire et social, le statut des ARS pose problème. Pourtant, du côté des élus, il n’y a qu’une solution : il ne faut qu’un seul représentant de l’État sur les différents territoires. Celui-ci doit être le préfet et non le directeur général de l’ARS. Une demande qui s’entend. En effet, aujourd’hui les collectivités territoriales s’illustrent comme les « vainqueurs » de la crise sanitaire. Leur proximité du terrain et leur réactivité ont été applaudies. Elles ont su apaiser les craintes des Français. Même si elles aussi ont connu des échecs dans la commande des masques et l’application de certains arrêtés, les collectivités ont eu un impact relativement positif sur la gestion de la pandémie. Ces dernières devraient donc bientôt voir leur rôle évoluer, grâce à une participation plus importante au sein du système de santé.