Presse engagée

La Marseillaise, le journal le plus chanté de France

Par Léo PURGUETTE, rédacteur en chef

Publié le 28 août 2020 à 12:49

Dans la nuit noire de l’occupation jaillit une étincelle d’espoir. La Marseillaise est née. Fondée par la Résistance communiste fin 1943, elle est d’abord clandestine. Elle circule sous le manteau et annonce la libération de la Corse, le débarquement de Normandie puis celui de Provence.Le 23 août 1943, tandis que les troupes alliées se dirigent vers Marseille, la Résistance organise l’insurrection. Les locaux du Petit Marseillais, journal collaborationniste, sont pris d’assaut. C’est ici que se fera le premier numéro légal de La Marseillaise. Et c’est ici qu’elle continue de se faire.

Journal indépendant des puissances de l’argent, La Marseillaise a connu bien des difficultés dans son histoire. Mais c’est une Résistante, elle a la rage de vivre. Soutenue par ses lecteurs, elle est devenue le bien commun de ceux qui luttent et qui espèrent. Elle est aussi la bouffée d’air quotidienne de ceux qui cherchent une information différente et exigeante.Depuis quelques années, elle a multiplié les enquêtes chocs et révélé le business sordide des élus-marchands de sommeil. Après les effondrements de la rue d’Aubagne, La Marseillaise a lancé la grande campagne citoyenne #BalanceTonTaudis qui a mis en lumière l’ampleur de l’habitat indigne à Marseille. Elle a accueilli dans ses rotatives un réveillon des délogés. Elle multiplie les initiatives de solidarité.

La Marseillaise est méditerranéenne de naissance. Elle est internationaliste par conviction. Elle a lancé« l’appel des deux rives » pour soutenir la transition démocratique en Algérie et organisé un débat avec le journal francophone algérien El Watan. Elle a pris position pour l’Aquarius puis l’Ocean Viking, ces navires humanitaires qui secourent les migrants. Elle a publié en turc, en arabe et en kurde des messages de solidarité des habitants du Sud pour les combattants du Rojava. Elle s’est jointe à l’initiative « Ensemble reconstruisons Beyrouth » lancée par le journal francophone libanais, L’Orient-Le Jour.La Marseillaise n’en est pas moins un journal populaire, de proximité, ancré dans son territoire. Elle organise le plus grand événement sportif de la région, avec le « Mondial La Marseillaise à pétanque ». Après avoir découragé, début août, un milliardaire de la croquer, La Marseillaise se projette dans l’avenir avec l’objectif de prolonger la trajectoire de développement qui était la sienne avant que la crise sanitaire ne la frappe durement. Dans ce monde dominé par la finance et le libéralisme, défiguré par les inégalités et l’injustice, l’urgence est à conquérir de nouveaux « Jours heureux » pour tous. Les Résistants nous l’ont appris, rien n’est donné, tout doit être gagné. La Marseillaise, née dans cet élan, continuera, à sa modeste échelle, dans les Bouches-du-Rhône, le Var, le Gard et l’Hérault, d’être au service de cette haute ambition.