Confrontés à des difficultés financières liées à la baisse d’activité ou au chômage, nombre de nos concitoyens sont confrontés à des choix cornéliens entre payer le loyer et faire manger les enfants. « Et à moins de 1 000 euros par mois, on compte tout. Le moindre pépin est catastrophique » rappelle Eddie Jacquemart, président de la CNL, confiné mais sur le pied de guerre depuis le début de la crise.
Un moratoire sur les loyers
L’association défend la mise en place d’un moratoire depuis le 16 mars pour les locataires en difficulté. 150 000 ménages auraient déjà sollicité les services d’assistance auprès des organismes bailleurs. « Le gouvernement a fait de petit pas. Comme l’aide de 150 euros pour ceux qui perçoivent l’APL et ont des enfants. Mais pour les célibataires ? Les pertes de revenus ne seront pas rattrapées si l’aide n’est pas prolongée. » Si des initiatives sont prises localement, de nouvelles inégalités territoriales apparaissent. Il faut, pour la CNL, que l’État prenne des décisions, notamment sur la trêve hivernale, prolongée jusqu’au 10 juillet pour l’instant. « Il faut pousser jusqu’en octobre » insiste-t-il.
C’est le meilleur moyen de permettre aux ménages de stabiliser leur situation dans l’incertitude de l’évolution de la crise sanitaire. Eddie Jacquemart se réjouit qu’à Lille, Martine Aubry ait accepté, comme il l’a demandé, qu’un coup de pouce soit donné aux familles les plus modestes. Un dispositif de paniers de produits alimentaires a été mis en place pour les familles ayant des enfants à la cantine habituellement et payant moins d’un euros l’accès à la demi-pension.
Une situation qui risque encore de se détériorer avec les défaillances prévisibles des TPE et des PME. D’où la nécessité de sécuriser la situation des locataires et des accédants. L’État a des responsabilités à prendre sur le plan financier et législatif. Le nombre de loyers en retard est difficile à évaluer avant la mi-juin, avec les retards postaux, les manque de moyens de paiement, les courriers égarés. Pour la CNL, la revalorisation des APL s’impose, comme la pérennisation de la mesure d’aide. Une charte est en cours d’élaboration pour concevoir un canevas d’interventions et soutenir les locataires les plus fragilisés.
Un fonds d’indemnisation des habitants
Les associations et les syndicats étudiants, avec la CNL, réclament aussi un gel des loyers pour les étudiants. Du côté des élus, les actions se multiplient. Éric Mouveaux, candidat PCF sur la liste « Unis pour Roubaix », a demandé à tous les bailleurs sociaux et aux dirigeants politiques de prendre en compte la situation exceptionnelle pour les locataires.La demande de moratoire a fait l’objet aussi de la part de la sénatrice Michelle Gréaume et du sénateur Éric Bocquet (PCF) d’un courrier auprès du ministre chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie. Les cinq euros enlevés au début du quinquennat sur les APL font aujourd’hui encore plus cruellement défaut. De l’avis de la plupart des intervenants sur la question, le gouvernement doit prendre les mesures attendues pour éviter une crise sociale sans précédent. Il va devoir pour cela savoir sortir des dogmes idéologiques libéraux.