Un manque de masques ou un manque de volonté politique ?

La pénurie démasquée

Déconfinement

par Franck Jakubek
Publié le 7 mai 2020 à 12:21

Lidl annonce un stock de quatre (cinq ?) millions de masques mis en vente à partir du lundi 4 mai, épuisé le soir même. Intermarché vend des lots de 50 masques à 29,54 euros, sur réservation par internet (moyennant une - longue - file d’attente virtuelle), à récupérer à l’accueil du magasin. Même type de lot quasiment au même prix (29,95 euros) dans les supermarchés Match. Chez Carrefour, aucune réservation n’est nécessaire, mais l’achat des boîtes de 10 masques à 6 euros directement en caisse est limité à une ou deux par personne. La distribution se fait donc au gré des magasins... Un directeur se plaint cependant face caméra de ne faire aucun bénéfice sur les masques vendus au prix moyen de 0,50 euros pièce... Les tabacs et les pharmacies n’en ont pas. Et le gouvernement ne prend plus de mesures de réquisition alors qu’il y a encore trois semaines, les commandes des Régions étaient réquisitionnées à la descente d’avion. L’État, après avoir promis une « guerre contre le coronavirus » a laissé faire le sacro-saint marché et lui laisse aujourd’hui faire ses marges. N’oublions pas qu’avant la crise, les masques de protection pouvaient se trouver en pharmacie sur prescription pour certaines pathologies. Leur prix oscillant entre 16 et 24 centimes d’euros pièce. Aussi lucratif que cela puisse paraître (nous parlons de plusieurs centaines de millions de masques par mois pour équiper la population), la vente des masques devrait être, pendant la crise, uniquement effectuée sous le contrôle de l’État.

Un prix plafond ?

Même avec un prix plafond à 0,95 euros, la spéculation va bon train. Certains importateurs ayant déjà passé commande de millions de masques se plaignent de ne plus pouvoir faire tous les profits escomptés. Il n’est pas plus simple aujourd’hui (5 mai, ndlr) qu’il y a un mois de s’approvisionner en masques. Les hypers et les supermarchés proposent une inscription en ligne et la possibilité d’acheter une boîte par personne. Les pharmaciens réquisitionnés, les bénévoles ou les professionnels de santé qui avaient fait don de leurs stocks au début de l’épidémie, et qui peinent aujourd’hui à les renouveler, apprécient peu la plaisanterie. Tout comme les services hospitaliers, en première ligne et toujours en manque de masques, de tests, de blouses ou de respirateurs.

L’organisation de la pénurie est réellement perceptible par le moins habile des observateurs. Le ministre Véran, en charge de la Santé, a beau objecter que tous les pays occidentaux sont confrontés à cette pénurie, la pilule est amère à l’heure d’un déconfinement bien confus à concevoir. Pour ultime preuve, la lenteur de réaction de notre gouvernement pour permettre une éventuelle remise en marche rapide de l’usine de production de masques de Plaintel en Bretagne.