Commission d’enquête

La renationalisation des concessions d’autoroutes rejetée au nom de la dette

par ERIC BOCQUET
Publié le 18 septembre 2020 à 19:39

C’est au nom de la dette que la privatisation avait été décidée en 2006, c’est toujours au nom de la dette que l’idée de renationalisation est rejetée !

La Commission d’enquête du Sénat sur les concessions d’autoroutes vient de rendre ses conclusions. À l’évidence, cet énième rapport sur le sujet reste au milieu du gué. Les travaux menés ces six derniers mois ont mis en évidence le bien fondé des critiques formulées de toute part depuis la privatisation des concessions autoroutières en 2006. La rentabilité exceptionnelle des concessions n’a jamais été démentie, comme l’ont souligné dans leurs rapports le Conseil d’État, la Cour des Comptes ou encore l’Autorité de la Concurrence. Il est d’ores et déjà estimé que les résultats financiers devraient dépasser la rentabilité initialement prévue sur les dix dernières années des contrats. Par ailleurs, il est apparu clairement que l’État n’a pas assumé véritablement sa mission de régulation et de contrôle, que les contrats sont déséquilibrés au détriment de l’État, enfin, que l’opacité reste la règle dans les échanges entre les pouvoirs publics et les sociétés concessionnaires. Les usagers, enfin, ne sont pas réellement associés aux choix de gestion, c’est pourtant une aspiration forte de nos concitoyens.

Voir l’explication d’Éric Bocquet en vidéo.

Le groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) du Sénat salue la qualité des travaux menés mais s’est abstenu sur l’ensemble du rapport, regrettant que l’option de la renationalisation de la gestion ait été évacuée au nom de la dette. C’est au nom de la dette que la privatisation avait été décidée en 2006, c’est toujours au nom de la dette que l’idée de renationalisation est rejetée ! Nous considérons que c’est une nouvelle occasion manquée, nous poursuivrons cette bataille à chaque occasion avec nos concitoyens. Le débat n’est pas définitivement tranchée.