Retraites

La rue face au passage en force

par Philippe Allienne
Publié le 21 février 2020 à 16:57

La motion référendaire tentée le 17 février par le groupe Gauche démocrate et républicaine, à l’Assemblée nationale n’a pas recueilli le nombre de signataires suffisant. Dans l’immédiat, l’idée d’un référendum populaire sur la réforme des retraites ne peut s’appliquer. Mais les citoyens peuvent continuer à le demander à leurs députés. Ce jeudi 20 février, les manifestations ont encore démontré l’opposition féroce des gens au projet de réforme.

Dans le cortège lillois, nombreux sont celles et ceux qui montrent leur désappointement et craignent le recours à l’article du 49.3, à l’image de Maël, 18 ans, étudiant en BTS audiovisuel : « Je pense que c’est une erreur parce que les gens attendaient une réponse plus en leur faveur. Du coup ils vont revenir plus nombreux. En ce qui concerne le possible recours au 49.3, il faut voir et attendre un peu pour savoir ce que veut le gouvernement. »

Pour Lazlo, 18 ans, étudiant en Histoire, « Quand une réforme divise autant le pays, le référendum est une bonne chose. Le gouvernement va sûrement utiliser le 49.3 mais c’est une forme de faiblesse ». On peut aussi s’interroger sur la bataille parlementaire autour de ses 41 000 amendements, sur l’attitude du président de l’Assemblée nationale qui a tenté d’en éliminer un millier avant d’être obligé de renoncer. Dans la rue, les citoyens sont excédés par l’attitude gouvernementale et par le risque d’un passage en force.

Pour Mouloud, plombier à Tourcoing (50 ans), « le rejet du référendum ce 17 février à l’Assemblée nationale reflète l’état d’esprit du gouvernement de vouloir tout passer en force. Emmanuel Macron a été élu par le peuple, pas pour lui. C’est un contremaître de l’Europe qui applique son cahier des charges. Dès le départ les dés sont pipés. Ça peut pas passer c’est mal expliqué, on a l’impression que c’est de l’improvisation. »

Le rejet du référendum n’étonne pas Pascale (60 ans), employée : « Dans le milieu de la production, beaucoup de jeunes sont touchés par des maladies professionnelles. Dans ces conditions il est impossible d’aller jusqu’à 65 ans. Il y a un effacement de la pénibilité. Le 49.3 pourrait être utilisé pour bâcler les discussions et passer la loi en force » . À moins que le gouvernement choisisse un vote sur tout ou partie du texte, en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par lui-même. C’est l’article 44.3 sur le « vote bloqué ».