© Hubert Bouvet/Région Nord-Pas-de-Calais (2012)

Le Bassin minier conjugue habitants et projets artistiques

par Nadia DAKI
Publié le 14 juillet 2022 à 17:08

Riche de son passé industriel, le Bassin minier se veut une terre de patrimoine et de culture. Il se rêve également dans un futur proche comme destination touristique. Ses forces et ses projections, il les élabore en étroite collaboration avec ses habitants.

L’histoire veut que Lens n’aurait peut-être pas été choisie comme terre d’accueil du Louvre si trois femmes d’anciens mineurs n’avaient pas interpellé, en 2004, le ministre de la Culture de l’époque, Renaud Donnedieu de Vabres, en visite dans la ville. Dix ans plus tard, le musée fait partie intégrante de la ville. « Ma plus grande fierté est que le musée ne se pense pas indépendamment du monde qui l’entoure, qu’il s’invente avec les habitants du territoire », indique Marie Lavandier, directrice du musée. Un observatoire des publics a été mis en place et les habitants sont consultés pour concevoir les moyens de communication autour des expositions. « Nous sommes observés à l’international car nous considérons les habitants comme des partenaires et non pas seulement comme des visiteurs potentiels », poursuit-elle.

L’art pour et par les habitants

Ainsi, pour les dix ans du musée, en décembre prochain, une exposition réalisée avec des jeunes du territoire sera présentée. « Cette démarche participative s’inscrit dans l’ADN du musée, précise Loraine Vilain, chargée de projet médiation au sein du Louvre-Lens. L’idée était d’utiliser l’art et les pratiques artistiques pour se reconstruire, notamment autour de la question de l’estime de soi, tout en travaillant sur des compétences métiers. » Consacrée à l’intime, l’exposition « Intime et moi » a été imaginée et conçue en partenariat avec une dizaine de jeunes en service civique, accompagnés par l’association l’Envol à Arras. « On a commencé en octobre, à raison d’une réunion par semaine. Ils étaient inclus dans toutes les étapes de conception de l’exposition », ajoute Ludovic Demathieu, chef de projet médiation. En d’autres termes, ils ont réalisé un véritable travail de commissaire d’exposition.

Une démarche participative qui fait sens

Le Chœur de Chambre Septentrion, ensemble vocal professionnel qui rassemble des artistes lyriques des Hauts-de-France, a également mené un projet artistique participatif, l’opéra Les enfants du Capitaine Grant. Depuis septembre 2021, des publics de tous âges et de tous horizons se sont côtoyés et ont travaillé ensemble pendant des mois : musiciens amateurs et professionnels, enfants et adultes, néophytes ou connaisseurs de musique classique. Ces publics ont été associés à de nombreuses étapes de la création du spectacle : de la rencontre avec les artistes chanteurs, cheffe de chœur, comédiens et compositeur aux ateliers de pratique vocale et d’expression corporelle en passant par la formation « direction de chœur ». En tout, ce sont 350 personnes qui ont participé à ce projet. Sur une musique originale du compositeur Julien Joubert et un livret de Gaël Lépingle, cette œuvre contemporaine inédite est librement inspirée du célèbre roman de Jules Verne. Elle sera présentée du 10 au 25 juin dans six villes du Bassin minier avec, entre autres, des enfants de Montigny-en-Gohelle, de Wingles, de Meurchin, de Lens, de Sallaumines et de Méricourt.