Les célèbres corons, ces cités minières immortalisées dans la non moins célèbre chanson de Pierre Bachelet, étaient quelque peu en désuétude depuis de nombreuses années. « En 2013, les élus locaux comprennent que les méthodes utilisées par l’Insee pour qualifier un territoire sont défavorables au Bassin minier car elles privilégient l’habitation verticale et non horizontale », se rappelle Corinne Crequit, directrice générale adjointe de la Porte du Hainaut. Une action est alors menée et transmise à l’État. « En 2016, le Premier ministre Manuel Valls charge l’urbaniste Jean-Louis Subileau de réaliser un rapport », poursuit-elle. Le rapport Subileau est remis un an plus tard et propose un vaste plan en faveur du Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais, avec comme point d’entrée la réhabilitation des cités minières.
Améliorer l’habitat
L’ERBM (Engagement pour le renouveau du Bassin minier) prend le relais et se veut le plan d’action au niveau local. Des cités prioritaires sont identifiées. Elles sont au nombre de 35 sur un total d’une centaine, ce qui représente 23 000 habitations à rénover. « La réhabilitation avait déjà été amorcée par les bailleurs sociaux. L’ERBM a le mérite de donner un coup d’accélérateur », précise Corinne Crequit. D’un budget global de 200 millions d’euros (100 millions provenant de l’État et 100 millions de la Région), il a également pour objectif de requalifier les espaces publics, avec notamment une remise en état des réseaux qui datent des houillères. « L’annonce du budget en février dernier est une bonne nouvelle mais dommage qu’il ne soit pas plus conséquent, regrette Jean-Marc Tellier, maire d’Avion. Sur ma commune, la cité du Bouvier compte 103 logements et doit être rénovée en 2023-2024. Il faut compter 80 000 euros de travaux par logement. Les 200 millions d’euros, ce n’est pas assez. » Avec d’autres édiles concernés, il demande la mise en place d’une Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) spécifique au Bassin minier.
Repenser le territoire
Il y a un véritable enjeu quant à l’avenir du territoire. « Nous devons, en effet, amorcer une phase de résilience territoriale car les stigmates de la fermeture des mines et la crise sidérurgique des 30 dernières années sont encore visibles », estime Corinne Crequit. Pour assoir cette vision à long terme, l’ERBM s’accompagne par la mise en place d’un Institut fédératif de recherches pour le renouveau des territoires. « Notre mission est de structurer un dispositif qui puisse permettre aux différents acteurs économiques du territoire de se saisir du monde de la recherche pour accompagner différents processus publics », explique Richard Sobel, son directeur. Quatre établissements publics (Université de Lille, Université d’Artois, Université Gustave-Eiffel, Université polytechnique Hauts-de-France) font mener conjointement des recherches interdisciplinaires avec propositions d’actions dont les champs relèvent aussi bien du monde économique, professionnel que social. « Nos indicateurs sociaux, économiques et sanitaires sont dégradés. Nos hommes meurent quatre ans plus tôt que la moyenne nationale et nos femmes, trois ans plus tôt. Ces projets, ambitieux, doivent nous permettre de tendre vers cette résilience et de savoir rebondir sur les chocs du passé mais pas seulement. Il s’agit également de travailler sur la robustesse du territoire pour ne plus revivre de tels chocs », conclut Corinne Crequit.