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Expulsion des lieux de vie informels

Le Calaisis et le Dunkerquois principalement touchés

par Justine Frémy
Publié le 13 janvier 2023 à 16:21 Mise à jour le 25 janvier 2023

Plusieurs associations [1] , réunies au sein d’un Observatoire des expulsions de lieux de vie informels, ont dressé le bilan des expulsions dans un rapport annuel paru en fin d’année 2022.

Au niveau national, ce rapport fait état de 2 078 expulsions entre le 1er novembre 2021 et le 31 octobre 2022, dont une très large majorité, 1 770 soit 85 %, dans les territoires du Calaisis et du Dunkerquois (à Calais, Coquelles, Dunkerque, Grande-Synthe, Loon-Plage, Marck et Sangatte). Par ailleurs, « dans la plupart des cas, les expulsions sont peu anticipées via un diagnostic social » alors même qu’il « conditionne pourtant la mise en œuvre d’une expulsion ». Rarement effectué, il « relève souvent, lorsqu’il est fait, d’un recensement des personnes et non d’une véritable prise en compte de leur situation et de leurs besoins » note l’Observatoire. Le rapport souligne d’autres irrégularités récurrentes, telles que la violence des forces de l’ordre et la confiscation des biens. Il rappelle que « si se faire expulser de son habitation constitue déjà une violence en soi, certaines expulsions le sont encore davantage, notamment du fait du comportement des forces de l’ordre à l’égard des personnes expulsées ».

2 078 expulsions

Et ce n’est pas tout, dans le Calaisis et le Dunkerquois, les habitants ne sont souvent pas avertis de l’expulsion, alors même que la loi stipule que toute personne doit en être informée en amont. Sans surprise, « la remise à la rue est l’une des principales issues des expulsions » constate l’Observatoire alors même que les solutions proposées se cantonnent majoritairement à de l’hébergement d’urgence et donc limitées dans le temps. « Dans les territoires du Calaisis et du Dunkerquois, la situation est particulièrement alarmante, et la grande majorité des expulsions ne sont suivies d’aucune proposition de mise à l’abri » alertent les associations qui dénoncent des mises à l’abri très souvent « contraintes ». « Les personnes sont contraintes de monter dans des bus (…) le plus souvent escortées par des forces de l’ordre, ou bien ont comme seule option de monter dans un bus ou dans un fourgon de la Police aux frontières à des fins de vérification d’identité ou de rétention administrative. » C’est la conséquence d’une politique publique répressive « inefficace sur le plan social et dramatique sur le plan humain » rappellent les associations.

Notes :

[1La Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde, la Ligue des droits de l’Homme, le Collectif national droits de l’homme Romeurope, la Plateforme des soutiens aux migrant·es, Human Rights Observers (projet porté par l’Auberge des Migrants), la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (FNASAT-Gv) et l’Association nationale des gens du voyage citoyens (ANGVC).

Mots clés :

Nord Pas-de-Calais