Dans une tribune publiée par l’Humanité le 12 janvier, les représentants de plusieurs organisations étudiantes (dont l’UEC, l’Unef, le MJCF) écrivent que, « malgré une rentrée annoncée le 20 janvier, l’ensemble des étudiants ne retrouvera pas les bancs de l’université. Depuis mars 2020, beaucoup ont vu leurs conditions de vie et d’études dégradées avec des cours en distanciel qui ne leur permettent pas d’assurer la continuité pédagogique. On estime aujourd’hui à un sur six le nombre d’étudiants en décrochage ».
Des solutions existent
Pour les signataires de cette tribune, des solutions existent pourtant. Ils citent par exemple les masques et le gel hydroalcoolique gratuits, la mise en place de dépistages massifs, la réquisition de salles vides, le recrutement d’enseignants, etc. Autant de propositions auxquelles ne répond pas le gouvernement. L’annonce d’une reprise des travaux dirigés par demi-groupes, à compter de la semaine du 25 janvier, pour les travaux dirigés des étudiants de 1ère année est bien en-deçà des besoins. Les étudiants se plaignent de leur isolement, de leur chute de motivation, de leur manque de moyens de vivre. Les dépressions sont de plus en plus fréquentes. Le gouvernement promet de doubler le nombre de psychologues dans les universités durant ce trimestre. Mais on devine que les dégâts sont déjà considérables. Jusque là, on incite les étudiants à consulter alors que les psychologues manquent cruellement. Mais ces problèmes ne sont pas les seuls. Étudiant en Histoire du campus du Pont de Bois (ex Lille 3), Kenzo Benhamida, soulève lui aussi les décrochages et l’augmentation de la détresse psychologique résultant du « tout distanciel ». Or, dans un courrier qu’il a adressé en décembre à Frédérique Vidal, il note une contradiction inquiétante et peut être lourde de conséquences alors que les étudiants passent leurs partiels.
« Il est bien-sûr inenvisageable, écrivait-il, que les épreuves de fin de semestre soient annulées, mais le fait que ces dernières se déroulent en “présentiel”, dans les amphithéâtres, début janvier 2021 alors qu’aucun cours n’a pu être dispensé sur site depuis début novembre 2020 est tout simplement incompréhensible. Pire, face aux nouvelles contaminations qui sont de nouveau reparties à la hausse, et cela même alors que les fêtes de fin d’année ne se sont pas encore déroulées, il paraît non-opportun et même dangereux de tenir ces partiels sur site en janvier 2021. »
Examens en présentiel pour les étudiants en Histoire
Les étudiants en Histoire de Lille n’ont pas obtenu satisfaction. Ils ne comprennent pas d’autant que les étudiants de la fac de Droit (à Lille Moulin) passent leurs examens partiels en distanciel. « On nous parle de protocole renforcé, dit Kenzo Benhamida, mais nous avons pu constater que, lors d’un examen en amphi, début janvier, le professeur chargé de la surveillance ne portait pas de masque et le gel hydroalcoolique était en quantité insuffisante. L’examen s’est du reste passé avec des étudiants en doudoune parce que le chauffage était défectueux et les fenêtres ouvertes ». Les risques soulevés par le courrier porte notamment sur la présence en amphi d’étudiants positifs à la Covid-19. Toute absence à l’examen doit être justifiée. Mais l’épreuve est alors notée « zéro » et fera l’objet d’un rattrapage en juin. Pour éviter cela, des étudiants positifs mais asymptomatiques se présentent à l’examen.
Nouveau système d’évaluation
Le courrier demandait aussi à la ministre de « bien vouloir revenir sur l’offre de formation de l’Université de Lille, et d’appeler les professeurs à l’indulgence dans la notation. Beaucoup de sujets n’ont pu être abordés à cause du “tout distanciel”, pourtant, et à la vue des premières notes, cela ne semble pas être pris en considération par un certain nombre d’entre eux, bien que la majeure partie du corps professoral ait agi comme elle le put et dans l’intérêt des étudiants. » Le changement intervenu récemment dans la manière d’évaluer les travaux inquiète par ailleurs les étudiants. Auparavant, pour évaluer le semestre (et donc l’année de licence), les étudiants étaient notés sur la moyenne de l’ensemble des épreuves (par exemple, s’il y avait dix notes, une par cours, on faisait la moyenne). Aujourd’hui, les dix cours sont répartis entre quatre blocs. Une note est établie pour chaque bloc, mais les blocs ne peuvent se compenser. Ce changement est expliqué par le fait que les étudiants en Histoire avaient la possibilité de valider leur semestre grâce à, par exemple, de très bonnes notes en langue vivante alors que les notes en Histoire étaient en deçà. Les étudiants demande que l’on en revienne à ce système. D’autant que la situation s’est aggravée avec les cours en distanciel.