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Tribune*

Le goût, la couleur et l’odeur du médecin

Publié le 7 mai 2021 à 12:36

Comment interpréter la non-citation des sages-femmes par M. Macron dans la liste des personnes pouvant vacciner covid ? Peut-être nous a-t-il incluses dans les médecins, ce qui après tout serait légitime puisque nous sommes une profession médicale à part entière, et que pour l’instant nous sommes les seules habilitées avec les dentistes et pharmaciens à prescrire le vaccin covid. Mais dans ce cas M. Véran ne sera pas content : lui qui craint que les sages-femmes aient « le goût, la couleur et l’odeur » du médecin comme il l’a bien dit dernièrement à l’Assemblée nationale…. Du coup pour cette option, si M. Macron a pensé à nous, on peut dire que M. Véran, lui, nous méprise….

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Ou alors peut-être sommes-nous si peu nombreuses, si insignifiantes, qu’on nous met plus loin dans la liste, après les vétérinaires… Est-ce à interpréter comme si les femmes, notre champ de compétence, sont moins importantes à ses yeux que les animaux ???? Car oui, nous pouvons prescrire et vacciner pour toutes les femmes, enceintes ou non, et même que pour les protéger nous pouvons aussi prescrire et vacciner pour les hommes qui entourent les femmes enceintes et les nouveau-nés. Et même que nous pouvons pratiquer l’injection pour tous les hommes ! Dans le centre de vaccination près de chez moi, il n’y a pas assez de médecins pour combler toutes les vacations. Les sages-femmes ont été accueillies de façon respectueuse et ravie par les gérants du centre, notre aide leur est précieuse. Les sages-femmes sont là ! En cette crise sanitaire, plus que jamais, près de leurs patientes pour assurer les dépistages des cancers gynécologiques (cancer du sein, cancer du col de l’utérus, vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus et info des mères sur la possibilité de faire vacciner leurs garçons) et éviter les retards de prise en charge pour ces graves maladies. Elles sont là aussi pour le suivi médical, avec encore plus de besoin d’être rassurées, des femmes enceintes, des jeunes mères et des jeunes pères en cette période si particulière. Mais le gouvernement les oublie, les nie, les méprise… Il ne manquait qu’une profession dans la liste…. Encore une fois depuis un an, toujours la même…. Quelle est cette société patriarcale qui ne pense pas à ses femmes ? Et qui place la profession qui s’occupe d’elles après celle qui s’occupe (à juste titre !) des animaux ?

Lénaïg MACÉ, sage-femme libérale, coordinatrice Bretagne de l’ONSSF

*Cette tribune est parue sur le site de l’ONSSF. Le titre est de la rédaction.