Christophe Forestier
Manifestations et occupations à Lille

Le monde de la culture mobilisé pour survivre et être écouté

par Christophe FORESTIER
Publié le 23 mars 2021 à 16:30 Mise à jour le 23 avril 2021

Vendredi 12 mars sur la Grand’Place à Lille, de nombreux artistes sont venus crier leur refus de voir la culture et les salles d’expression fermées. Le mouvement d’occupation, commencé au théâtre de l’Odéon à Paris, s’est étendu au théâtre du Nord et au théâtre Sébastopol.

Les griefs à l’encontre du gouvernement ciblent la situation sanitaire et la réponse apportée par un exécutif qui condamne la culture et ses métiers à la misère. « Un an sans culture, on nous tue », « Artistes dans la galère »... Si le rassemblement des artistes se voulait festif, il n’en était pas moins revendicatif. Il s’est déroulé à la suite de la première nuit d’occupation du théâtre du Nord (dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 mars), qui s’inscrit dans un mouvement d’ampleur nationale qui continue de s’étendre. En effet, depuis l’Odéon la semaine dernière, c’est aujourd’hui une soixantaine de lieux de culture qui sont investis. À Lille, le théâtre Sébastopol a rapidement suivi après celui du Nord. Maxime Séchaud, délégué régional du syndicat français des artistes interprètes (SFA) a tenu à justifier ce mouvement en expliquant que « cette action est nécessaire et qu’il faut se regrouper et agir pour créer un rapport de force face au gouvernement ». L’objectif affiché est d’exiger un financement du secteur culturel et une reconduction de l’année blanche pour les intermittents du spectacle. Prises de parole et happenings se sont succédés sur fond d’interpellation du gouvernement. Le collectif « Stop on redanse » est venu dénoncer le fait de ne pas savoir sur quel pied danser quant à l’accueil ou pas des élèves dans leurs ateliers d’apprentissage. Ils réclament un protocole sanitaire leur permettant d’ouvrir et de faire vivre leur art. Ils ont battu le pavé de la Grand’Place au son (de circonstance) de la chanson « I’m a survivor [1] ». « Nous voulons la réouverture de la culture. Celle-ci est placée sous anesthésie mais sans garantie de disposer d’une place en salle de réveil  » enrage le collectif. « Lorsque le gouvernement nous dit d’aller voir comment la situation est gérée ailleurs alors qu’en France le fonds de soutien permet aux artistes de survivre, nous leur répondons d’aller voir en Espagne, par exemple, où les salles de spectacle sont rouvertes. » Béryl Benyoucef, représentant du Comité lillois des travailleurs du spectacle et de la culture, a également fustigé l’exécutif. L’accusant de refuser d’écouter les artistes et employés du secteur culturel qui se battent pour vivre et avoir le droit de travailler. Leur credo est simple : obtenir la réouverture des lieux de vie culturelle au lieu de les condamner à la misère et à la précarité. « Quand on pense à tout l’argent investi pour sauver l’économie, sacrifiant la culture ! » s’étrangle-t-il. « Danser encore » de l’artiste H. K. s’est également fait entendre. Il a produit un texte, récité sur une danse en solitaire, qui remet en cause la politique sanitaire de l’État. Critique encore, mais dans un registre plus poétique, Greg Allaeys est lui aussi venu déclamer un texte écrit spécialement pour ce rassemblement. Il y évoque une année de lumière noire qui s’est écoulée en référence à l’année, masquée et blanche, pour le monde de la culture. Il réclame « un état d’urgence culturel et social... de toute urgence ». Par-delà la culture, l’intersyndicale qui organisait ce rassemblement, défend également tous les travailleurs précaires et saisonniers, dans tous les secteurs. Elle rappelle qu’il faut également lutter contre la réforme de l’assurance chômage « qui fera payer aux précaires le prix de la crise sanitaire ».

Notes :

[1Je suis un survivant.