Spécial Habitat

Le Mouvement HLM déstabilisé

Edito

par Philippe Allienne
Publié le 5 novembre 2020 à 17:33 Mise à jour le 6 novembre 2020

Les bailleurs sociaux et les organisations de locataires attendaient sans doute avec impatience la tenue du 81ème congrès HLM qui était programmé à Bordeaux du 22 au 24 septembre. Rendez-vous manqué pour cause de Covid.C’est la première fois que ce rendez-vous ne peut se tenir. Cette annulation est d’autant regrettable que la date du congrès est toujours liée au calendrier parlementaire et au vote de la loi de Finances pour l’année à venir. Tous les observateurs ont en tête l’édition 2017, à Strasbourg, qui s’était caractérisée par une colère véhémente des participants lors de la venue de Julien Denormandie, alors tout nouveau secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, en charge de la politique du Logement.

Le gouvernement venait d’annoncer la baisse de l’aide personnalisée au logement (APL), au grand dam des bailleurs sociaux à qui l’on demandait de compenser par une diminution des loyers. Ces mêmes bailleurs ont d’ailleurs manifesté le 17 octobre devant l’Assemblée nationale, quelques jours après la manifestation du collectif « Vive l’APL » qui regroupait 70 organisations (dont la CNL) devant l’Hôtel de Ville de Paris.

À peine élu à la présidence de la République, Emmanuel Macron s’était attaqué au Mouvement HLM et au modèle du logement social.Face aux congressistes de Strasbourg, Julien Denormandie avait parfaitement tenu son rôle de « Macron boy » en ne pliant pas.Depuis, le gouvernement a développé sa guerre contre le logement social en mettant en place la loi Elan (Évolution du logement de l’aménagement et du numérique). En acceptant la « clause de revoyure », en 2019, qui vise à « adoucir » les ponctions financières opérées sur les organismes de logement social, l’Union sociale de l’habitat a accepté de négocier et de contribuer à la déstabilisation du Mouvement HLM voulue par la politique libérale d’Emmanuel Macron.

Il eut été intéressant, aujourd’hui, de connaître les débats qui auraient pu se dérouler pour ce 81ème congrès en présence de l’actuelle ministre chargée du Logement, Emmanuelle Wargon, et du nouveau maire de Bordeaux. Le Mouvement HLM devait eneffet faire ses propositions pour une relance sociale, économique et écologique alors que la crise sanitaire a fortement touché les organismes et le secteur du logement. Si la crise sanitaire a eu raison de ce rendez-vous, les locataires n’en demeurent pas moins curieux de savoir à quelle sauce ils seront mangés demain.