Covid-19

Le PCF s’associe à une campagne européenne pour un vaccin accessible à tous

Publié le 4 décembre 2020 à 15:40

On se souvient de la campagne pour demander un référendum d’initiative populaire afin d’empêcher la privatisation des Aéroports de Paris. C’est à une initiative semblable, mais à l’échelle européenne, que s’associe le Parti communiste français pour réclamer un vaccin et un traitement contre la Covid-19 accessible à tous.

En l’occurrence, il faut parler ici d’une « initiative citoyenne européenne » (ICE). Celle-ci a été lancée le 30 novembre à l’initiative de nombreuses associations, ONG, syndicats et partis politiques français (lire l’encadré). Il s’agit en fait d’une pétition européenne qui a pour but de contraindre l’Union européenne à plus de transparence sur les futurs vaccins et traitements contre la Covid-19. Un million de signatures sont indispensables dans un délai d’un an. Le nombre de ces signatures varie en fonction de la population des États. Pour la France, il faut en recueillir 160 000 ce qui, de l’avis des initiateurs, est très réalisable. L’idée repose sur le fait que les vaccins contre la Covid-19 qui seront mis sur le marché ont déjà été financés par l’argent public. Les signataires de l’appel à l’ICE veulent donc en garantir l’accès à tous et en demandent la gratuité. « L’annonce de la mise au point d’un vaccin a suscité une énorme vague d’espoir. Celle-ci ne doit pas être confisquée pour faire du profit » explique l’un des signataires locaux, le maire LFI de Faches-Thumesnil, Patrick Proisy. « Nous avons un an pour réunir un million de signatures au niveau européen afin de faire agir l’Europe en ce sens », rappelle Karine Trottein, secrétaire fédérale du PCF Nord.

Bien commun de l’humanité

Tous les signataires s’entendent pour dire que ce vaccin est « un bien commun de l’humanité ». Ils répètent à l’unisson qu’il a été financé par l’argent public tant dans sa mise au point que sa production. Il doit donc être mis maintenant à la disposition des citoyens. Selon eux, il faut que la Commission européenne prenne les mesures nécessaires qui garantissent un accès équitable aux futurs vaccins et autres traitements, et évitent à tout prix qu’ils deviennent sources de profits indécents pour le secteur pharmaceutique. Une grande opacité règne actuellement sur les négociations entre l’UE et les laboratoires pharmaceutiques. Une telle initiative citoyenne européenne permettra aux citoyens européens d’introduire des propositions législatives. Cette initiative contraignante ajoute une nouvelle voix à la préoccupation croissante des citoyens et des experts en santé publique, des militants associatifs, mais aussi des dirigeants mondiaux qui craignent que les nouveaux vaccins et traitements ne soient disponibles que pour une petite partie de la population en raison d’obstacles financiers et logistiques. Les organisateurs estiment ainsi que les sociétés pharmaceutiques devraient être obligées de partager les résultats de leurs recherches afin d’accélérer la production de doses au niveau mondial et d’en réduire considérablement le coût. Ils exigent également que les négociations se déroulent en toute transparence. « On note actuellement un double discours de la part des dirigeants européens. Alors que le président Emmanuel Macron appelait lors du dernier sommet du G20 à faire du vaccin un “bien public mondial’’, la veille, lors d’une réunion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les Européens rejetaient une proposition de l’Inde et de l’Afrique du Sud pour favoriser le partage les droits de propriété intellectuelle qui aurait permis de réellement faire du vaccin ce “bien public mondial’’ cher au cœur du président de la République. »

200 M€ pour Sanofi

Pour le comité français de soutien à l’ICE, il est trompeur que les entreprises pharmaceutiques déclarent qu’elles offrent le vaccin à un prix bas. Il est tout aussi trompeur que les gouvernements annoncent qu’il sera gratuit pour les citoyens alors que la recherche et le développement de ces vaccins ont été largement financés par des fonds publics. Rien qu’en France, 200 millions d’euros ont été investis par le gouvernement auprès de Sanofi - entreprise privée qui a versé près de 4 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires au printemps dernier et menace aujourd’hui de licencier en France et en Europe - pour financer le développement et la production d’un vaccin contre la Covid-19. Or, ces financements se font sans conditions de contrôle citoyen sur les coûts de production et de R&D, les mécanismes de fixation des prix, l’efficacité du vaccin et sa sûreté. « En pleine pandémie et crise économique et sociale, il serait indécent que certains en profitent pour faire des profits sur la santé et la vie de millions de personnes, et alors que nos systèmes de santé sont déjà surchargés. Nous avons besoin de développer des capacités publiques de production et de distribution des traitements et des vaccins à l’échelle française comme européenne et mondiale pour que notre santé ne dépende pas des choix financiers de quelques grandes entreprises. » La date de lancement, le 30 novembre, n’est pas un hasard. Elle coïncide avec la veille de la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Ceci doit servir de rappel que des millions de personnes sont mortes à travers le monde parce qu’elles ne pouvaient pas se payer un traitement. On se souvient que les laboratoires pharmaceutiques avaient alors défendu bec et ongles leurs intérêts économiques. Après plusieurs décennies de combat, elles furent obligées d’abandonner leurs brevets et permettre un accès plus large à des traitements qui continuent de sauver des vies.

Plus d’infos : le site international de la campagne. Les signatures en ligne sur le site du Parlement européen sont ouvertes jusqu’au 30 novembre 2021.