© Marc Dubois
Fabien Roussel confirme

Le roussellement contre le ruissellement

par Philippe Allienne
Publié le 26 août 2022 à 14:45

Fabien Roussel est friand de bonnes formules. Celle du « roussellement » qu’il oppose au « ruissellement » promis par Emmanuel Macron n’était pas passée inaperçue durant la campagne présidentielle. Le secrétaire national l’a rééditée à Malo. Avec force propositions.

Chemise blanche sur jean impeccable, au plein de sa forme, Fabien Roussel ne baisse jamais la garde, il persiste et signe. Ce jeudi 25 août, devant une salle comble au Kursaal de Malo, il a même affirmé que la campagne présidentielle n’est pas finie ! Le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, puissance invitante, en convient : « Je suis fier que Fabien, un gars du Nord, soit parvenu à remettre le PCF sur le devant de la scène ! » Pas finie la campagne présidentielle ? Il faut entendre par là que face à la politique d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, les propositions du parti communiste sont plus que jamais d’actualité. Voilà pourquoi il remet le couvert du « roussellement ». «  La théorie du ruissellement de Macron : donner de l’argent aux riches, pour que ça ruisselle sur nous, comme si leur argent allait couler sur nous ! Eh bien moi, je propose autre chose : le roussellement ! »

Si Emmanuel Macron se déclare convaincu que plus les riches sont riches, plus les classes moyennes (et populaires ?) en profiteront, la réalité montre l’inverse. Pire, ceux qui avaient peu de moyens en ont encore moins aujourd’hui. Conclusion : échec total.

Au contraire, clame Fabien Roussel, «  le roussellement, c’est donner de l’argent aux travailleurs, aux retraités, pour que cela ruisselle sur toute l’économie du pays ! » Et de rappeler les réalités : « En 2017, à l’arrivée du Président Macron, le patrimoine des 500 plus grandes fortunes était monté à 570 milliards. + 46% ! On peut parler d’une belle progression. Mais cette année, suite à 5 ans de présidence Macron, leur fortune a augmenté en 5 ans de 75% et dépassé les 1000 milliards d’euros. (...) Cette somme pourrait couvrir la construction de plus de 12 000 hôpitaux, de 24 600 lycées ; elle pourrait financer une augmentation équivalente à 3000 euros par mois pour l’ensemble des salaires perçus en France, et ce, pendant une année complète. »

S’appuyant sur l’enquête annuelle du magazine « Challenge », il souligne que « les 10 premières fortunes totalisent 518 milliards d’euros : c’est bien plus que le budget de la France ! On y trouve Bernard Arnault, la famille Hermes, Bettencourt, Pinault, Dassault, Mulliez, Rodolphe Saadé de CMA CGM, Besnier, de Lactalis... Autrement dit les champions du luxe, de l’armement, des médias, de l’alimentation et des transports. Ils n’ont jamais gagné autant d’argent que pendant que pendant la crise ! Ce sont eux les profiteurs de crise ! »

Ce sont ces mêmes grands groupes, poursuit-il, qui sont responsables de l’inflation, de la spéculation, de la hausse des prix, des matières premières : Lactalis, producteur de lait, CMA CGM, transporteur maritime, Auchan, Leroy-Merlin, Carrefour, Total ... « Oui, il y a des profiteurs de crise, des profiteurs de guerre même », s’interroge-t-il, «  qui augmentent leurs marges, accumulent des milliards de bénéfices, exploitent les salariés et en plus bénéficient des aides publiques de l’État !  »

Évoquant cette sortie « indécente » du président Macron sur la « fin de l’abondance », il contre attaque : «  Oui, il faut mettre fin à l’insouciance et à l’abondance des plus riches. Si nous voulons répondre, aux besoins humains, relever le défi climatique, garantir à chacun un vrai revenu, un travail, des formations rémunérées, bref le progrès social et écologique, nous devons changer de système et prendre le pouvoir à ces financiers ! Et mettons fin à ces inégalités, à cette spéculation qui fait tant de mal au porte-monnaie et aux salariés !  » Mais à l’art de la critique, Fabien Roussel n’oublie pas celui des propositions. « Nous proposons, dit-il, de mettre à l’ordre du jour de cette rentrée 2022 une taxe sur les super profits des grands groupes, une taxe anti-spéculation ainsi qu’un impôt de solidarité exceptionnel sur les grandes fortunes du pays comme sur la spéculation boursière, afin d’alimenter un fonds pouvoir d’achat et climat. » En arrachant ainsi au capital 50 milliards d’euros par an et si l’État et la BCE en mettent chacun autant : « ça fait 150 milliards ! Voilà comment nous nous donnerons les moyens de répondre à nos besoins !  »

Autre proposition : développer partout les transports gratuits. «  Je propose que tous les salariés, les demandeurs d’emploi, les étudiants, et les retraités bénéficient d’une carte de transport leur donnant accès gratuitement au réseau de TER, de métro et de bus propres en France ainsi qu’à 10 trajets gratuits sur le réseau TGV !  » Construire les Jours heureux, c’est l’objectif du PCF. Depuis la campagne de la présidentielle et des législatives, « nos propositions sont toujours d’actualité : hausse du SMIC et des salaires, des retraites, investissements dans l’école, la santé, les services publics, reconquête de notre souveraineté énergétique, alimentaire, industrielle et garantie d’un emploi et d’une formation pour chacune d’entre nous. Nous ne voulons plus des petits chèques, des petites primes de Macron, on veut vivre dignement et garantir un avenir à nos enfants !! »

Pour soutenir ces propositions, Fabien Roussel conclut en appelant « aux mobilisations les plus larges en cette rentrée 2022, face à cette inflation galopante, contre les super profits des multinationales, pour la justice sociale et climatique ! Il faudra être nombreux les 22 et 29 septembre prochains à l’appel des organisations syndicales pour obtenir des moyens pour la santé et pour l’augmentation des salaires de tous les salariés. »