Le temps d’avant à défaut du temps d’avance

Publié le 30 octobre 2020 à 14:59

Réagissant à l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, le secrétaire général du PCF, Fabien Roussel, plaide pour «  la santé d’abord » et déplore l’aspect pédagogique de l’intervention présidentielle. « Ce n’est pas de pédagogie dont nous avons besoin, mais d’actes. » Sous-entendu, ces actes viennent trop tard et son insuffisants. Grâce au confinement, le président annonce vouloir réduire les cas covid de 40 000 actuellement à 5 000 par jour. Les spécialistes préviennent déjà que cela ne pourra pas se faire en un mois. Lors du débat au Parlement sur le confinement, le député communiste Sébastien Jumel n’a pas été plus tendre. « Comment avoir confiance (...) dans un président qui promet en juillet que tout est prêt pour la rentrée, dans un chef de gouvernement qui déconfine si bien qu’il doit reconfiner quelques semaines plus tard, dans un exécutif qui veut faire porter au Parlement la responsabilité de ses inconséquences en le sommant la veille de l’approuver le lendemain ? » Pour lui, le gouvernement n’a pas su mobiliser les forces vives de la nation et a méprisé ses composantes les plus essentielles. « Si l’heure n’était pas si grave, si les détresses psychologiques n’avaient pas explosé, si les petites gens de la vie réelle, de la culture et de la vie associative n’étaient pas au bord du gouffre, si la colère n’était pas à son paroxysme, on vous sortirait les belles paroles du 20 h, des jours d’après, des jours heureux  », soupçonne-t-il. Et de poursuivre : « Rien n’a changé, vous êtes restés dans le temps d’avant à défaut du temps d’avance. Gouverner ce n’est pas communiquer, c’est anticiper, c’est prévoir. Tout le monde savait que ce virus respiratoire exploserait à l’automne. D’ailleurs, votre confinement n’est est pas un. Vous maintenez les petites mains qui font tourner les machines en première ligne. » Le député reproche aussi au président et au gouvernement de jouer un coup de théâtre alors que personne ne niait l’évolution de l’épidémie. « Vous nous avez infantilisés, vous avez infantilisé la démocratie alors que la question primordiale était de fédérer, de faire adhérer. Vous voudriez que le Parlement vous donne acte. Mais c’est déjà trop tard. Le président a décidé. Alors, pour quelles raisons sommes-nous ici ? Les institutions de la République sont bouleversées. »

(Photo : © Erwan Lesne)