© Philémon Brunet
Manifestation du 23 septembre

Les enseignants réclament un plan d’urgence pour l’éducation

Publié le 24 septembre 2021 à 14:08

Troisième année scolaire sous crise sanitaire, manque de reconnaissance des enseignants, contraintes supplémentaires, mauvaises conditions de travail. Les syndicats de l’Éducation nationale appelaient à la grève et à la mobilisation ce jeudi 23 septembre. À Lille, Fabien Roussel et le sénateur communiste Éric Bocquet se sont joints à la manifestation.

La CGT, la FSU, FO et SUD sont vent debout. « L’École, écrivent les organisations syndicales dans un communiqué commun, a été soumise à rude épreuve et les personnels ont terminé l’année dans un état de fatigue rarement atteint. La rentrée 2021 est de nouveau marquée par le manque d’anticipation et la confusion de la politique suivie face à la poursuite de la crise sanitaire. Par ailleurs, alors que cette rentrée aurait nécessité la mise en place d’un plan d’urgence et la création massive de postes pour l’éducation dans un contexte qui a rendu plus compliquée la progression des apprentissages, le ministère poursuit une politique qui va à rebours des besoins du service public. » Les reproches adressés au ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer sont nombreux : refus de créer un collectif budgétaire pour la création de postes d’enseignants, de CPE, d’assistants d’éducation, d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), de psychologues (PsyEN), de réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), de personnels administratifs, techniques, santé et sociaux dans les écoles, les établissements et les services pour répondre aux besoins et annuler les suppressions de postes notamment dans le second degré où le déploiement d’heures supplémentaires est une réponse inadaptée.

Éric Bocquet , sénateur du Nord, et Fabien Roussel, se sont joints à la manifestation du 23 septembre à Lille.
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Les enseignants reprochent aussi au ministre la publication de la circulaire de rentrée sans qu’aucune concertation préalable n’ait été organisée. « De plus, son contenu relève davantage de la promotion de la politique ministérielle. » Si l’on vient d’assister à la seconde rentrée scolaire sous le signe du Covid, le protocole demeure toujours aussi compliqué à comprendre et à mettre en œuvre. « Encore une fois, le ministre est dans le déni de réalité en refusant de prendre les mesures nécessaires. Cette absence d’anticipation et de prise de décisions est irresponsable au regard des enjeux de gestion et de sortie de crise. » Les annonces du Grenelle ont par ailleurs confirmé qu’il n’y aurait pas de loi de programmation pluriannuelle. Ce nouveau renoncement ne répond pas aux attentes salariales des personnels et en exclut la majorité. Au-delà de la deuxième tranche de la prime d’attractivité, très insuffisante pour rattraper les retards, il est bien difficile de voir de quelconques perspectives de revalorisation pour les années à venir. « Il est urgent d’augmenter les salaires de tous les personnels », disent les syndicats. La prime d’attractivité, destinée aux enseignants en début de carrière, est du reste dégressive. « Nos organisations dénoncent l’ensemble de ces mesures qui tournent le dos à la priorité à l’éducation et cherchent à transformer en profondeur les métiers dans le sens de contraintes supplémentaires sur les personnels : projet de création d’un emploi fonctionnel de directeur d’école et de hiérarchies intermédiaires, pilotage par l’évaluation. Nous ne pouvons accepter de tels reculs. » Dans le viseur, la proposition d’Emmanuel Macron de permettre aux directeurs d’école de recruter eux-mêmes les enseignants. Rien n’est d’ailleurs précisé sur la manière dont, concrètement, cette mesure serait applicable. Il est à noter que les directeurs d’école ne sont pas les supérieurs hiérarchiques de l’équipe enseignante, contrairement aux principaux des collèges et aux proviseurs des lycées. Ce jeudi après-midi, les organisations syndicales ont encore insisté sur leur refus de la généralisation du contrôle continu et réclament le rétablissement du baccalauréat national pour la session 2022, avec des épreuves nationales, terminales et anonymes. « Nous voulons, disent-elles, un plan d’urgence pour le service public d’Éducation. Notre école ne peut fonctionner sans moyens supplémentaires et sans personnels revalorisés et reconnus dans leurs expertises professionnelles. »