Projet de réforme des retraites

Les fonctionnaires, premiers touchés

par FRANCK JAKUBEK
Publié le 26 juillet 2019 à 14:06

Quels sont les inconvénients principaux de la « réforme » proposée par le rapport Delevoye ?

L’inconvénient principal est la baisse du niveau des retraites. L’objectif est de diminuer la part des retraites dans le PIB. Comme on va avoir 25 % de retraités en plus par rapport aux actifs, l’argument est de baisser le niveau des retraites. L’âge du taux plein est à 64 ans. Cette nouvelle formule fait baisser le niveau des retraites. Les salariés n’auront plus de garanties sur leur revenu de remplacement parce qu’il est lié à la valeur du point. Elle peut être fixée tous les ans. Il faudrait que le point augmente en même temps que les salaires et le coût de la vie. Le gouvernement peut le fixer et donc le baisser comme il le souhaite. Ce serait ainsi une variable d’ajustement comme une autre. D’ici à 2024, le point peut être amené à baisser. Il n’y a aucune garantie sur le niveau des retraites.

Quelle est la philosophie générale qui domine dans la gestion de nos retraites ?

Ce nouvel outil de gestion donne un système flexible pour tous et l’État pourra si nécessaire faire baisser le niveau des retraites pour améliorer les finances publiques. Actuellement, dans le public le taux de remplacement est de 75 % pour 50 % dans le privé sur les vingt-cinq meilleures années. C’est Balladur, en 1993, qui passe la base de calcul de dix à vingt-cinq meilleures années. À l’époque, il n’ose pas toucher au service public.

En quoi ces propositions vont-elles (ou pas) améliorer les situations des futurs retraités ?

À 85 % ce sont les fonctionnaires, sans primes, qui vont être le plus frappés. Enseignants, fonctionnaires territoriaux, ceux qui perçoivent peu ou pas de primes seront les grands perdants. A 65 %, le recul peut être estimé à 25 % des revenus.

Quelles préconisations faites-vous ?

La mesure qu’il faudrait prendre est d’augmenter les ressources, en faisant progresser les taux de cotisation des retraites. Et il faut revenir à un taux de remplacement élevé. Par exemple 95 % pour le SMIC, et des taux moindres pour les salaires très élevés, en garantissant aux salaires moyens ou normaux de ne pas faire baisser le taux de remplacement.

La lutte se prépare mais doit faire face à des difficultés...

En face, il y a une communication effrénée de Jean-Paul Delevoye, sur plein de détails, parfois insignifiants pour le grand public mais qui mobilisent l’attention et les débats. Du coup, beaucoup de gens ne vont pas voir qu’il y a une baisse des retraites.Pour ceux qui sont nés avant 1963, il y a peu d’impact, mais pour les autres, les effets vont être visibles progressivement.Ce qui ne va pas faciliter la mobilisation des gens de 35 ans qui sont pourtant les premiers concernés. Ce n’est pas simple devoir les effets suivant les situations.