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3 questions à... Dominique Watrin

« Les Hauts-de-France accusent un retard de deux à trois ans d’espérance de vie »

Publié le 11 juin 2021 à 13:02

L’ancien sénateur communiste du Pas-de-Calais nous confie son sentiment sur notre système de santé, le retard de la région et l’absence de volonté politique. Un dossier essentiel à l’heure d’importants rendez-vous électoraux.

  • Où en est notre système de santé au niveau régional ? Il faut en premier lieu analyser notre situation dans le cadre national. Or, notre système de santé s’est fortement dégradé. On peut même parler de dégringolade. La France, dont on vantait l’excellence, n’est plus que dix-huitième en nombre de médecins sur 43 pays développés et seulement dixième en nombre de lits d’hôpitaux. « Il est grand temps d’arrêter les fermetures de lits d’hôpitaux, de services... et même d’inverser la donne  » avais-je averti dans mon livre écrit il y a deux ans [1]. Il faudrait parler aussi beaucoup plus d’une inégalité inacceptable, celle devant la maladie et la mort : treize ans d’espérance de vie en moins pour un travailleur précaire par rapport à un cadre supérieur ! En résumé, nous avons besoin au plus vite de sortir des logiques comptables et d’austérité pour mettre en œuvre une politique publique de santé. Cette politique ne peut être que globale. Elle doit s’attaquer aussi bien à la pauvreté que relancer la recherche publique et la production locale de médicaments, lutter contre la désertification médicale aujourd’hui galopante. Il ne peut y avoir d’avancées au niveau régional comme national sans la volonté politique de (re)construire une Sécurité sociale du XXIe siècle.
  • Des actions spécifiques sont- elles nécessaires dans les Hauts- de-France ? Notre région accuse un retard de deux à trois ans d’espérance de vie, mais l’écart, par rapport à la moyenne nationale, peut aller jusqu’à six ans, par exemple dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. L’action rassemblée des élus, des personnels de santé avec leurs syndicats, de la population (13 000 signatures) sous l’impulsion notamment de militants et d’élus communistes a permis d’obtenir l’abondement du montant de subventions pour le futur hôpital de Lens et le déblocage des fonds nécessaires pour l’hôpital de Béthune Beuvry. Mais le département du Pas-de-Calais reste le seul de cette taille à ne pas bénéficier de l’attractivité d’un CHRU multipolaire, projet soutenu aujourd’hui par le président du conseil départemental lui-même.
  • La séquence électorale (élections départementales, régionales et présidentielle) peut-elle aider les habitants ? La plupart des responsables politiques, qui ont fait hier la sourde oreille, continuent, malgré quelques larmes de crocodile versées en plein cœur de la crise, à se fondre dans le même moule libéral : le profit avant l’humain. Nous, nous sommes au contraire le parti d’Ambroise Croizat. Nous sommes le seul parti à rejeter par nos votes au Parlement tous les budgets d’austérité de la Sécurité sociale, qu’ils soient proposés par un gouvernement de droite (Bachelot-Bertrand), dit de gauche (Touraine) ou macroniste (Buzyn-Véran). Quand Marine Le Pen s’oppose par ses votes à la levée des brevets (que les grands groupes pharmaceutiques utilisent pour rançonner les États en organisant la pénurie de production des vaccins), nous préparons, fédérations PCF du Nord et du Pas-de-Calais, une initiative frontalière avec le Parti du travail de Belgique sur le sujet. À chacune et chacun de se déterminer. Le vote pour les candidats communistes, pour les listes où figurent des communistes, est un outil utile pour gagner, particulièrement dans la région Hauts-de-France, le droit au respect et à l’égalité.

Notes :

[1« Je vous le dois bien » Militant et Sénateur communiste face au déclassement social, édité chez Geai Bleu éditions