© Grégoire REMUND
Fête de l’Humanité

Les Hauts-de-France dignement représentés sur le nouveau site de Brétigny-sur-Orge

par Grégoire REMUND
Publié le 16 septembre 2022 à 17:14

Malgré son déménagement dans le département de l’Essonne, la Fête de l’Humanité (9-11 septembre) a tenu toutes ses promesses : 320 000 visiteurs et des fédérations des Hauts-de-France venues avec le plein d’adhérents et de sympathisants.

Si ce dimanche 11 septembre, les allées sont un peu plus clairsemées que la veille et l’avant-veille (il faut dire que le site de l’ex-base aérienne 217, à cheval sur les communes du Plessis-Pâté et de Brétigny-sur-Orge, en Essonne, est immense, ce qui donne des allées plus aérées qu’auparavant), il fait beau et la bière continue de couler à flots dans les stands des cinq fédérations des Hauts-de-France (Oise, Somme, Aisne, Pas-de-Calais et Nord), situés à une encablure de la scène Joséphine Baker.

Le greffe a pris

« Ce déménagement m’a longtemps préoccupé car, pour moi, la Fête de l’Huma est associée à la Seine-Saint-Denis et nulle part ailleurs », confie Loïc Pen, candidat malheureux de la NUPES dans la 7e circonscription de l’Oise lors des dernières législatives (il a perdu au second tour face au député sortant, le LR Maxime Minot). « Mais je dois reconnaître que la greffe a pris et que je suis agréablement surpris. D’abord, parce que les militants ont continué à venir en nombre, ensuite, parce que Cœur d’Essonne Agglomération, la communauté d’agglomération qui nous a accueilli ici, a su prendre la mesure de l’importance de cette fête où, à travers différents débats, toute la gauche se réunit pour parler. »

Pour celui qui est aussi médecin urgentiste à l’hôpital public de Creil, les combats à mener en cette rentrée dans son département sont nombreux, à commencer par la réouverture de la maternité de Creil pour laquelle un rassemblement est prévu le 22 septembre à 18h devant l’hôpital. Cette fermeture est survenue en 2019 dans un contexte où l’activité dans les services hospitaliers est tendue depuis plusieurs années. Aujourd’hui, la maternité la plus proche se trouve à Senlis, à une dizaine de kilomètres. « Cette situation engendre de graves difficultés pour les habitants du Bassin creillois, dont on sait qu’un sur deux seulement possède une voiture  », déplore Loïc Pen.

« Le débat doit s’engager sur la transition énergétique »

En face, sous la tente du Pas-de-Calais, où une trentaine de camarades bénévoles assurent le service, l’ambiance est festive. Devant une grande banderole qui appelle la France à quitter l’OTAN, les concerts s’enchaînent. Mais, dans son coin, Hervé Poly, secrétaire fédéral PCF du Pas-de-Calais, maugrée. «  Je regrette qu’on nous ait enlevé cette année la scène des pays du nord. Cet espace créé en 2004 permettait à nos cinq fédérations de se rassembler, on avait aussi notre propre programmation musicale. » Petit lot de consolation, il constate que « cette fête des militants communistes est toujours dominée par la fraternité. » Et de poursuivre : « Nous vivons une année particulière. Avec la guerre qui sévit en Ukraine, l’industrie de notre pays est en péril. Au début du mois, le groupe verrier Arc, en difficulté [en raison des prix des matières premières et de l’énergie], a placé une partie de ses salariés en chômage partiel.  » En effet, depuis le 1er septembre et jusqu’au mois de décembre, 1600 personnes sont à deux jours d’activité partielle pour ce groupe installé près de Saint-Omer (Pas-de-Calais) et qui emploie quelque 7800 personnes, dont 5000 en France. « Le débat doit aussi s’engager sur la transition énergétique, clame Hervé Poly. Les factures d’énergie pèsent de plus en plus dans le budget des familles, les impayés augmentent et la précarité énergétique s’installe. Il est grand temps de revenir à un encadrement par l’Etat des prix de l’énergie. Mais pour cela, nous avons besoin d’un grand service public produisant une énergie « décarbonée » et renouvelable à prix stables pour répondre aux besoins de tous nos concitoyens et préserver la planète. L’énergie est un bien commun. Les logiques capitalistes n’ont rien à faire dans sa production comme dans sa distribution. Il faut nationaliser à 100 % EDF, Engie et Total. »

« Sécher nos larmes »

Puis on « part » dans l’Aisne, à la rencontre de Julien, assis derrière le bar. « J’ai découvert la Fête de l’Huma en 2004 et depuis, j’y vais chaque année car c’est l’occasion de revoir les copains, de faire de nouveaux contacts et de se remobiliser politiquement  », raconte le jeune homme à la longue barbe rousse. Pour cet habitant de Soissons, après une année 2022 faite d’espoirs (la candidature communiste, une première depuis 2007) et de désillusions (la victoire de Macron et la progression à bas bruit du Rassemblement national, notamment dans les Hauts-de-France), la « fête » tombe à point nommé. « Elle permet de sécher nos larmes. Durant ces trois jours, j’ai croisé beaucoup de jeunes. Ce sont ces nouvelles générations, des villes et des campagnes, qu’il faut réussir à attirer. » Agathe, Lilloise de 23 ans et occasionnellement barmaid au stand du Nord, en est à sa quatrième Fête de l’Huma, «  un rendez-vous qui nous fait découvrir en un clin d’œil les différentes régions de France. J’avais aussi envie à donner un coup de main car cet événement ne pourrait exister sans l’engagement des bénévoles  ».

Interrogé par Liberté Hebdo entre deux débats, le secrétaire national et député du Nord Fabien Roussel insiste quant à lui sur le caractère « exceptionnel  » de cette édition. « Cette année plus que les autres, la Fête de l’Humanité a exigé de grands efforts de la part des organisateurs et des militants qui ont répondu aux attentes malgré le déménagement. Le contexte était aussi particulier sur un plan politique car il intervient après la double campagne – présidentielle et législatives – où tout le monde s’est beaucoup investi. Il s’agissait donc de renouer le lien avec les sympathisants pour faire le bilan et tirer les enseignements de cette expérience. La suite ? Occuper le terrain dès ce mois de septembre en organisant de puissantes mobilisations sociales sur le pouvoir d’achat, les hausses de salaire, l’égalité salariale femmes-hommes ou encore les revenus étudiants pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer leurs études.  »