Rentrée sociale

Les licenciements au coeur du cortège du 17 septembre

par Ousmane Mbaye
Publié le 18 septembre 2020 à 11:20 Mise à jour le 22 septembre 2020

Pour cette première manifestation de rentrée, à l’appel de la CGT, de la FSU, de Solidaires et de l’Unef, 3 000 personnes environ ont battu le pavé lillois ce jeudi 17 septembre. Parmi les revendications : l’emploi, les conditions de travail ou la lutte contre la précarité.

Amélioration des conditions de travail, augmentation des moyens pour l’hôpital public ou encore lutte contre la précarité. Jérôme, 42 ans, adhérent à la CGT a décidé de participer à la manifestation « pour une rentrée qui fasse du bruit, pour l’emploi, contre une politique de destruction de tous les services publics ». Fonctionnaire à la mairie de Lille, il précise qu’il a tenu à être présent tout particulièrement « pour les copains qui subissent des licenciements abusifs ». Toutefois, il ne s’attend pas à ce que le gouvernement change sa position dans l’immédiat : « Ça ne marche pas comme ça, on sait que ça prend toujours du temps pour se faire entendre. On est dans la rue pour affirmer nos convictions et nos positions ! » Pour cette manifestation de reprise où l’on était visiblement heureux de se retrouver après une longue période où l’expression collective était difficile, on sentait aussi la colère contre les plans de licenciement et contre une situation insupportable où l’on voit que le gouvernement et le patronat tirent parti de la situation sanitaire. « Chaque licenciement est une insulte » pouvait-on entendre.

© Paul Soloch-Morpheus communication

Salariés du secteur public comme du privé, enseignants, étudiants, personnels de la santé, travailleurs du commerce, métallos, chômeurs, etc. Tous se retrouvaient pour crier non à l’injustice sociale.Dans le secteur de la santé, la colère est aussi palpable. Benys, psychologue de 51 ans à Valenciennes, dresse un constat froid : « Je suis soignant depuis 25 ans et d’année en année, je vois les conditions d’accueil des patients se dégrader et c’est la santé de ces derniers qui en pâtit » déclare-t-il désabusé. Le psychologue fait un parallèle entre CRS et personnel soignant sans équivoque : « Quand je vois comment les CRS sont équipés et comment nous [les soignants, ndlr] sommes équipés, je constate que des choix de sociétés inacceptables sont faits. » Il n’est pas d’accord avec les « arbitrages » (privilégier un secteur social plutôt qu’un autre) et milite pour une société solidaire.

Plus de moyens pour les services publics

Pour Benys, affilié au syndicat Sud Santé et Social il est essentiel de « faire entendre qu’il y a des gens qui ne sont pas d’accord et faire réfléchir les élus du peuple ». La jeunesse a aussi répondu présente à l’image de Samuel, 22 ans qui vient d’arriver à Lille dans le cadre de ses études. « Je me mobilise pour une cause qui m’est chère : la défense des travailleurs pour qui c’est particulièrement dur depuis la crise sanitaire. » Le futur étudiant en journalisme estime qu’il est important de montrer que la défense des droits est primordiale. Le jeune homme espère que la situation des travailleurs changera même s’il considère « que le gouvernement ne prend pas en compte cette question ». Maître de conférence en science de l’éducation à l’Université de Lille, Julie, 44 ans, se dit « révoltée par le fait qu’on ne donne jamais les moyens à ceux qui ont le plus besoin : hôpitaux publics, universités, écoles ». Après le cortège lillois, un autre appel avait été lancé pour un parcours local à Hellemmes. Dans les quartiers aussi, la colère gronde.

Un raccord à Hellemmes

Il ne faut pas oublier les quartiers. Tout le monde ne peut forcément se joindre aux grands rassemblements comme celui de Lille, ce jeudi 17 septembre. Alors, la CGT a volontiers approuvé la proposition de la section communiste d’Hellemmes de faire un « raccord » en fin d’après-midi. Pari réussi. Une cinquantaine de citoyens, organisations politiques de gauche et syndicalistes ont répondu. Rassemblement devant l’hôtel de ville, prises de parole et manifestation dans le centre-ville. Le combat social au plus proche des gens.