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Rentrée scolaire

Les profs manquent à la pelle

par Lydie LYMER
Publié le 2 septembre 2022 à 15:33

Après les grandes vacances, c’est la rentrée scolaire qui s’annonce torride.

L’enseignement subit une crise de recrutement inédite. Sur 27 300 postes ouverts dans le public et le privé, 4000 n’ont pas été pourvus. Pendant les cinq ans passés au ministère de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a réussi à s’attirer l’hostilité d’une grande partie du corps enseignant et des parents d’élèves à un niveau jusqu’à présent inégalé par ses prédécesseurs. Ses réformes sur fond de pandémie accompagnée de protocoles sanitaires aussi illisibles que contradictoires ont dégradé les conditions de travail des enseignants et les conditions d’apprentissage des élèves.

Jobs dating

Un sondage réalisé par le Syndicat National Unitaire des Instituteurs et des Professeurs des écoles en mars dernier révèle que 73 % des professeurs ne sont pas satisfaits de leur situation professionnelle. 95 % expriment « une forte insatisfaction  » vis-à-vis du ministre de tutelle. Ils se sentent méprisés, et déplorent le manque de dialogue avec un ministre qui ne les entend pas. La succession de Jean-Michel Blanquer incombe à Pap Ndiaye, qui assure que la rentrée « sera comparable à celle de l’an dernier, avec un professeur devant chaque classe  ».

Pour pallier la pénurie, des jobs dating ont été organisés dès juin. Les entretiens étaient ouverts aux personnes titulaires d’une licence, quelle qu’elle soit. 3000 contractuels sont ainsi embauchés et prendront le chemin de l’école cette semaine. Leur formation de quelques jours a suscité de vives réactions. Pour Laurent Zameckowski, porte-parole de la PEEP (fédération des parents d’élèves de l’enseignement public), « quand on confie l’avenir de nos enfants à des agents de l’éducation nationale, c’est important qu’ils soient dûment formés  ».

« Avant, on était mieux formé »

André Simon est instituteur à la retraite. Selon lui, il faut revoir l’ensemble de la copie. « Avant, on n’était pas meilleur, c’est qu’on était mieux formé ». « Tout a commencé avec la loi Jospin » qui a supprimé les Écoles Normales d’instituteurs et les Centres Pédagogiques Régionaux formant les professeurs. « Et tous à l’IUFM !  ». L’Institut Universitaire de Formation des Maîtres a été critiqué notamment en raison de son approche théorique de la pédagogie. Et justement, pour André Simon « transmettre le savoir nécessite de la pédagogie. Ça ne s’improvise pas ». Il faut aussi savoir « s’adapter aux capacités d’apprentissage de chacun ». Il émet des réserves concernant l’avenir du système éducatif. « L’absence de formation des maîtres dégrade la qualité de l’enseignement, et c’est dangereux pour notre société ». Il craint la démission rapide de jeunes non aguerris envoyés dans des classes surchargées, et un enseignement « au rabais » qui conduira « des enfants à l’échec scolaire ». Et d’ailleurs, «  on est les cancres de l’Europe en mathématiques !  ». À 85 ans, André Simon est toujours passionné par un métier auquel il a consacré sa vie, et se positionne contre « une société élitiste avec des écoles privées pour enfants sélectionnés ».