Emmanuel Macron commence son allocution par une « promesse tenue » : il énonce les chiffres. Environ 20 000 cas par jour, 33 500 personnes hospitalisées au 16 novembre, et 4 300 personnes en réanimation mardi dernier. « Le pic de la seconde vague de l’épidémie est passé ». La « seconde ». Ce mot simple signifie qu’une troisième vague n’est pas possible. C’est un message d’espoir pour quiconque n’aurait pas en tête la gestion de la crise des mois passés. Cette phrase symbolise la fin de ce « confinement ». Déjà peu contraignant, puisqu’à part quelques secteurs de première nécessité(culture,restauration...), les enfants allaient toujours à l’école et la majorité des travailleurs continuaient de faire tourner l’économie, n’ayant pas d’autre choix.« C’est tous ensemble que nous avons obtenu ces résultats. C’est tous ensemble que nous avons sauvé des vies. » disait Emmanuel Macron ce mardi soir. Mais en faisant référence à « l’effort civique » des citoyens, des citoyens fatigués, des citoyens qui font beaucoup d’efforts, des citoyens qui ont peur aussi, pour expliquer les chiffres aussi « bas » (bien que supérieurs à ceux du premier confinement), le gouvernement nous rend responsables de nos morts. Au même titre que le gouvernement.
Un semblant de vie normale
Dès samedi 28 novembre, un semblant de vie normale sera permis. Les lieux de culte, les bibliothèques et les commerces rouvriront, les activités extra-scolaires en plein air reprendront et les promenades s’étendront. Tout cela sous réserve d’une attestation que nous sommes les seuls à devoir remplir en Europe. Si au 15 décembre prochain, nous enregistrons 5 000 contaminations journalières et pas plus de 3 000 patients en réanimation, alors les théâtres, cinémas et musées pourront rouvrir. La tradition qu’est Noël pourra se passer sans encombre. Ou presque. Une tradition familiale qui brasse les générations, les familles, et donc les personnes à risque. Non pas que nous ne souhaitions pas voir nos familles, bien au contraire. Mais la situation sanitaire n’est peut-être pas suffisamment sûre pour se permettre de risquer de contaminer nos anciens.Nous pourrions, dès le 20 janvier, retrouver nos restaurateurs. Nos lycéens pourraient retrouver, en classe entière, leurs professeurs. Puis quinze jours plus tard, soit début février, les étudiants pourraient retrouver leurs universités. Beaucoup ne supportent plus le confinement et décrochent. Ils se sentent sacrifiés d’être les derniers à reprendre le cours d’une vie normale.
Des étudiants sacrifiés
Après avoir donné des objectifs précis en termes de chiffres de contamination, ainsi que des paliers, le président a rappelé que plus de cinq millions de personnes bénéficieraient d’une aide de 150 euros au mois de décembre.Des aides financières seront également apportées aux commerçants et aux entreprises, ainsi qu’à tous les établissements qui devront rester fermés jusqu’à mi-janvier. Ces derniers (bars, restaurants, discothèques...) recevront 20 % de leur chiffre d’affaires de l’année 2019 si ce versement est plus avantageux que le fonds de solidarité augmenté à 10 000 euros. Dans ces aides annoncées, rien pour le secteur hospitalier. Rien pour le personnel soignant qui, depuis plusieurs mois, se bat pour ne pas avoir à choisir entre les patients du fait du manque de moyens. Les syndicats de soignants réclament 10 000 lits supplémentaires, la création de milliers d’emplois, afin de subvenir aux besoins de l’hôpital public. À part des remerciements, le président ne leur promet rien, mais promet aux Français que les médecins feront tout leur possible. Il est évident qu’ils se débrouilleront, mais rien n’est possible, aujourd’hui, sans moyens humains et financiers pour sauver l’hôpital et les citoyens.