Un tract diffusé par les marcheurs résume assez bien le sujet. Il y aurait d’un côté le « bon migrant » : celui, en costume-cravate, qui fuit l’impôt. Et il y aurait le « mauvais migrant » : celui-là, en blouson et pull, fuit la guerre et la misère. Près de 25 ans après le début de leur combat (lire en page 7), les sans-papiers en sont encore à quémander une régularisation qui devrait pourtant être accordée avec beaucoup plus de souplesse. Alors que la crise économique et sociale se fait de plus en plus sévère, les rangs des chômeurs, des travailleurs pauvres et des précaires ne font que grossir.
C’est pour réunir leurs revendications pour une existence meilleure que sans-papiers et sans-emploi, ont décidé de marcher ensemble vers l’Élysée afin de demander la régularisation des uns et l’embauche des autres. CSP59 et CGT unis dans l’action, avec le soutien des associations solidaires et du Parti communiste. « Ensemble unis, disent-il, nous déclarons solennellement que ça suffit les mensonges électoralistes présentant les sans-papiers et les chômeurs comme responsables des fléaux socio-économiques, culturels et politiques de la France. (…) Nous voulons vivre par le travail dans la légalité, l’égalité et la dignité. » Pour chacune de leurs étapes, les marcheurs et marcheuses sont accueillis dans une des nombreuses communes traversées, selon un plan étudié d’avance : Carvin, Douai, Grenay (via Hénin-Beaumont), Arras, Bapaume, Albert, Amiens, etc.
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À Douai, premier arrêt pour la nuit, le député du Nord Alain Bruneel les a reçus et a écrit au président de la République et au Premier ministre. Il évoque des « femmes et des hommes pleins de courage et de dignité dont la revendication est la régularisation massive de tous les sans-papiers ». Pour lui, « cette mesure pleine de bon sens et d’humanité est également la seule manière de faire honneur à notre devise républicaine. La régularisation est en effet l’outil pour assurer la liberté, permettre l’égalité effective des droits entre chaque être humain et pour réaliser en pratique la fraternité ». Pour sa part, le secrétaire de section du PCF, à Douai, Mathieu Bayart, réaffirme, comme l’analyse le Parti communiste depuis sa création il y a cent ans, « que les travailleurs de tous les pays doivent être unis puisqu’ils ont les mêmes intérêts face à celles et ceux qui prônent la division, la haine, le rejet de l’autre, qui sont le propre de la société capitaliste ». Autant de valeurs que prônaient, chacun à leur façon, les militants, syndicalistes et sympathisants qui ont accompagné le départ de la marche.