Les urgentistes dénoncent les provocations de Marie-Agnès Buzyn

par Philippe Allienne
Publié le 6 septembre 2019 à 17:28

Que cherche la ministre de la Santé Marie-Agnès Buzyn ? Chez les urgentistes, on est partagé entre l’incompréhension et la colère.

«  Les propositions qu’elle a faites lundi 2 septembre, analyse Isabelle Bosseman, secrétaire générale du SMIC CGT de Lille, consistent à présenter les problèmes que nous soulevons comme des solutions ! » Exemple, pour répondre à la crise des services d’urgence, Mme Buzyn préconise une filière spécifique pour les patients en gériatrie. Ces derniers seraient dirigés directement dans les services de gériatrie. Mais précisément, ces services manquent de lits. Au lieu d’attendre dans les couloirs des urgences, ces patients attendront dans les couloirs des services gériatriques.

« Un accès direct, pourquoi pas, mais il faut y mettre les moyens. Tant qu’il n’y aura pas de moratoire sur les fermetures de lits et tant qu’il n’y aura pas création de lits, rien n’est possible », insiste la syndicaliste. Autre proposition de la ministre : les infirmiers urgentistes pourraient absorber des tâches qui ne relèvent pas de leur travail, comme les sutures.

« Mme Buzyn n’écoute rien ! Les urgentistes ne parviennent même plus à assurer l’ensemble des tâches qui leur incombent ! Une fois de plus, au lieu de parler des moyens indispensables, elle crée un nouveau problème ». Même constat pour la vidéo-assistance que la ministre souhaite mettre en place entre Ehpad et Samu afin de faciliter les diagnostics. Les médecins régulateurs ne sont pas suffisamment nombreux.

« Il faut par ailleurs davantage d’infirmières et de présence médicale, la nuit, dans les Ehpad. Et lorsque Mme Buzyn explique que cela pourrait s’appliquer pour des pathologies bénignes, elle feint d’ignorer que, dans ce cas, on n’appelle pas le Samu. Elle est à côté de la plaque ! ».

Dernier exemple, les Samu, selon Mme Buzyn, auraient la possibilité d’orienter les patients vers les cabinets de ville afin de désengorger les urgences.

« Encore une fois, s’indigne Isabelle Bosseman, elle propose les problèmes comme solution. La médecine de ville, et les cabinets, ne sont pas en nombre suffisant. » Si la ministre de la Santé recherche le pourrissement d’un mouvement de grève qui touche 200 services d’urgence en France, c’est raté. Une coordination entre tous les établissements de la région est en cours de constitution, une manifestation est programmée à Paris le 11 septembre (la CGT du CHU de Lille met des bus à disposition), une assemblée générale pour la région est prévue le 3 octobre à la bourse du travail de Lille.