Reconfinement

Macron n’a pas tout dit...

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 30 octobre 2020 à 15:04

« 69 854 nouveaux cas de Covid-19 ont été notifiés à Santé publique France ces dernières 24 heures (soit 1 235 132 cas confirmés depuis mars). 35 785 décès ont été comptabilisés depuis mars (dont 11 361 dans les Ehpad). 275 personnes en réanimation ces dernières 24h. » Voilà quelques uns des chiffres que nous a communiqués, mercredi soir 28 octobre, le président de la République lors de son intervention télévisée. Cet exposé chiffré, énoncé de ce ton patelin dont il a l’habitude, visait avant tout à provoquer un choc susceptible de nous en faire accepter un autre : l’annonce d’un nouveau confinement, et qu’une chape de plomb et son cortège de douleurs sanitaires et sociales allaient à nouveau tomber sur nos vies. Pourtant, quelques semaines plus tôt, devant les mêmes cameras de télévision, il nous persuadait que « le reconfinement était la mesure la plus fruste pour lutter contre un virus », lui préférant la voie du «  tester, tracer, isoler  ». Si cette stratégie présidentielle a été mise en échec, ce n’est pas dû à un mauvais coup du sort, mais au fait que le déconfinement de juin n’a pas été maîtrisé. Le président et son gouvernement se sont précipités. Dès l’annonce d’un fléchissement du nombre des contaminés et surtout du nombre des hospitalisations, nos compatriotes ont été invités à se relâcher, à sortir afin « d’acheter, acheter, acheter  » assenait Bruno Le Maire, ministre des Finances. Il fallait partir en vacances comme si de rien n’était, idem pour les vacances de la Toussaint. Résultat, le relâchement a été général, les rencontres se sont multipliées et avec elles, les contaminations. Mais le principal n’est pas là : c’est l’incapacité pour nos hôpitaux à faire face à une nouvelle vague de malades du Covid-19 qui conduit à ce nouvel enfermement (tout comme l’usage des masques avait été déconseillé aux premiers temps du virus parce qu’ils avaient été détruits). Le président a voulu pondérer ses annonces en invoquant des mesures identiques prises par nos voisins européens, « oubliant » de préciser qu’ils en ont pris d’autres qui ont rendu la situation moins critique pour eux. Depuis mars dernier en effet, l’Italie a embauché 6 000 médecins et 14 000 infirmiers. L’Allemagne dispose, quant à elle, de 24 000 postes de réanimation contre 6 000 en France. Un nombre insuffisant face à la montée de la pandémie, et pourtant annoncé par le président comme une victoire sur mars où nous n’en comptions que 5 000 ! Le couvercle s’abat à nouveau sur nos têtes. Les conséquences sociales seront très lourdes. Ce confinement est le résultat d’une gestion calamiteuse de la politique sanitaire conduite depuis des années. La situation critique actuelle est la suite de décennies d’économies faites sur la santé au nom de la baisse des dépenses publiques. Une réduction consécutive à la diminution continuelle de la part des recettes sociales et fiscales issue du capital. Ces choix politiques ont abouti à enrichir les plus riches, et à aggraver les inégalités, en appauvrissant notamment la couverture sociale du pays, sans régler le chômage de masse ni réduire la précarité. Un pays fort induit une économie puissante produite par des citoyens en bonne santé a rappelé Emmanuel Macron lors de son allocution. Cette profession de foi est juste, mais sa politique lui tourne le dos : un Français sur trois renonce à des soins pour des raisons financières. Le refus par le président et son gouvernement d’augmenter les minima sociaux ne saurait aider à corriger cette immorale inégalité. En mars dernier, Emmanuel Macron annonçait un confinement temporaire dont nous sortirions plus forts et un Après renaissant. Le 28 octobre, jour de sa cinquième allocution, la France va plus mal. L’incompétence du président et l’iniquité du système sont posées.