La France, les municipales, le Coronavirus

Macron tente de reprendre la main

Par Alain BRADFER

Publié le 13 mars 2020 à 15:19

Fabien Roussel et Ian Brossat se félicitent des mesures sanitaires annoncées jeudi soir 12 mars par le président de la République. Ils soulignent par ailleurs que ce n’est pas le moindre des paradoxes de voir Emmanuel Macron aller à Canossa défendre sa politique libérale et tenter ainsi de reprendre la main.

L’hommage rendu d’entrée de jeu aux personnels hospitaliers maltraités depuis une dizaine d’années lui a fait retrouver toutes ses vertus en quelques mots. « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », a-t-il déclaré, rompant en quelques mots empreints de vibrato avec la mélodie libérale entamée en 2017.

« Il est atterrant qu’il ait fallu attendre une pandémie pour se rendre compte de l’état de l’hôpital public. Ses difficultés se sont accrues depuis deux ans. L’épidémie devrait être une occasion de remettre en cause l’austérité. Lorsque le président de la République estime qu’il faut écouter ceux qui savent, on pourrait lui rappeler qu’une grève dure depuis plus d’un an dans les services d’urgence », modère Ian Brossat, président de l’Association nationale des élus communistes et républicains (Anecr).

Ce faisant, Macron reprend la main, quand bien même a-t-il dû concéder à son Premier ministre de ne pas reporter le premier tour des élections municipales. «  Il y a eu à ce sujet quelques heures de cafouillage entre le président et son Premier ministre. Ce n’est pas sérieux et ne contribue pas à l’unité nationale », juge Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, qui observe qu’aucune mesure concrète n’est ressortie de l’intervention présidentielle. Les conséquences économiques et sociales sont déjà lourdes et risquent de l’être davantage que lors de la crise de 2008 dont les travailleurs et les contribuables ont réglé une grande partie de la note. « Lorsqu’il salue l’État-providence, c’est bien. Mais encore faudrait-il augmenter les recettes de cet État et remettre en cause la politique de réduction des dépenses publiques », conclut Fabien Roussel. En d’autres termes, la question se pose de savoir si Macron ira au bout de la logique ébauchée ce jeudi soir.

Lire aussi les réactions des responsables fédéraux du PCF : Hervé Poly (62) et Karine Trottein (59) dans notre article.